hard dans le plus grand peril.
Heureusement celui-ci se couvrit des accidens du terrain, et se replia
sagement sur Moreau.
La journee avait ete sanglante, et tout a l'avantage des Francais, a la
gauche et au centre. On pouvait evaluer la perte des Francais en tues,
blesses et prisonniers, a quatre mille, et celle des Autrichiens a huit
mille au moins. Cependant, malgre l'avantage que les Francais avaient
eu, ils n'avaient obtenu que des resultats peu importans. A Verone, ils
n'avaient fait que resserrer les Autrichiens; au-dessus de Verone, ils
les avaient rejetes, il est vrai, au-dela de l'Adige, et avaient acquis
le moyen de le passer a leur suite en retablissant le pont de Polo; mais
malheureusement il etait peu important de franchir l'Adige sur ce point.
On doit se souvenir que la route qui longe exterieurement ce fleuve
vient traverser Verone, et qu'il n'y a pas d'autre issue pour deboucher
dans la plaine. Ce n'etait donc pas tout que de franchir l'Adige a Polo;
on se trouvait, apres l'avoir franchi, en face de Verone, dans la meme
position que Moreau au centre, et il fallait enlever la place. Si, dans
la journee meme, on eut profite du desordre dans lequel l'attaque du
camp de Pastrengo avait jete les Autrichiens, et qu'on se fut hate de
retablir le pont de Polo, peut-etre aurait-on pu entrer dans la place
a la suite des fuyards, surtout a la faveur du combat opiniatre que
Moreau, de l'autre cote de l'Adige, livrait au general Kaim.
Malheureusement, rien de tout cela n'avait ete fait. Cependant on
pouvait reparer cette faute en agissant vivement le lendemain, et en
transportant la masse des forces devant Verone et au-dessus, vers le
pont de Polo. Mais Scherer hesita trois jours de suite sur le parti
qu'il avait a prendre. Il faisait chercher une route au-dela de l'Adige,
qui permit d'eviter Verone. L'armee etait indignee de cette hesitation,
et se plaignait hautement de ce qu'on ne profitait pas des avantages
remportes dans la journee du 6 (26). Enfin le 9 germinal (29 mars), on
tint un conseil de guerre, et Scherer se decida a agir. Il forma le
projet singulier de jeter la division Serrurier au-dela de l'Adige par
le pont de Polo, et de porter la masse de son armee entre Verone et
Legnago, pour y tenter le passage du fleuve. Pour operer le transport de
ses forces, il porta deux divisions de sa gauche a sa droite, les fit
passer derriere son centre, et les exposa a des fatigues inutiles, par
des chemins mauvais
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