de la constitution. On imagina la conscription.
Le general Jourdan fut le rapporteur de cette loi grande et salutaire,
dont on a abuse comme de toutes les choses de ce monde, mais qui n'en a
pas moins sauve la France et porte sa gloire au comble. Par cette loi,
chaque Francais fut declare soldat de droit, pendant une epoque de sa
vie. Cette epoque etait de vingt a vingt-cinq ans. Les jeunes gens
arrives a cet age etaient partages en cinq classes, annee par annee.
Suivant la necessite, le gouvernement appelait des hommes en commencant
par la premiere classe, celle de vingt ans, et par les plus jeunes de
chaque classe. Il pouvait successivement appeler les cinq classes, au
fur et a mesure des besoins. En temps de paix, les conscrits etaient
obliges de servir jusqu'a vingt-cinq ans. Ainsi la duree du service des
soldats variait d'une annee a cinq, suivant qu'ils avaient ete pris de
vingt-cinq a vingt ans. En temps de guerre, cette duree etait illimitee;
c'etait au gouvernement a delivrer des conges, quand il croyait le
pouvoir sans inconvenient. Il n'y avait d'exemption d'aucune espece,
excepte pour ceux qui s'etaient maries avant la loi, ou qui avaient deja
paye leur dette dans les guerres precedentes. Cette loi pourvoyait ainsi
aux cas ordinaires; mais dans les cas extraordinaires, lorsque la patrie
etait declaree en danger, le gouvernement avait droit, comme en 93, sur
la population entiere; et la levee en masse recommencait.
Cette loi fut adoptee sans opposition, et consideree comme l'une
des plus importantes creations de la revolution[2]. Sur-le-champ le
directoire demanda a en faire usage, et reclama la levee de deux cent
mille conscrits, pour completer les armees et les mettre sur un
pied respectable. Cette demande fut accordee par acclamations le 2
vendemiaire an VII (23 septembre 1798). Bien que les deux oppositions
contrariassent souvent le directoire, par humeur ou jalousie, cependant
elles voulaient que la republique conservat son ascendant en presence
des puissances de l'Europe. Une levee d'hommes exige une levee d'argent.
Le directoire demanda, en sus du budget, 125 millions dont 90 pour
l'equipement de deux cent mille conscrits, et 35 pour reparer le dernier
desastre de la marine. La question etait de savoir ou on les prendrait.
Le ministre Ramel prouva que les bons pour le remboursement des deux
tiers de la dette etaient rentres presque en totalite, qu'il restait 400
millions en biens nationaux, lesquels
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