, retenus dans l'interieur, iraient former le noyau de
l'armee du Rhin. Bernadotte et Massena avaient ordre de concourir aux
operations de Jourdan, et de se conformer a ses vues. Comptant toujours
sur l'effet de l'offensive, et anime de la meme confiance dans ses
soldats, il voulait que, malgre la disproportion du nombre, ses generaux
se hatassent de brusquer l'attaque et de deconcerter les Autrichiens
par une charge impetueuse. Aussi les ordres furent-ils donnes en
consequence.
Les Grisons, partages en deux factions, avaient hesite long-temps entre
la domination autrichienne et la domination suisse. Enfin ils avaient
appele les Autrichiens dans leurs vallees. Le directoire, les
considerant comme sujets suisses, ordonna a Massena d'occuper leur
territoire, en faisant aux Autrichiens une sommation prealable de
l'evacuer En cas de refus, Massena devait attaquer sur-le-champ. En meme
temps, comme les Russes s'avancaient toujours en Autriche, il adressa, a
ce sujet, deux notes, l'une au congres de Rastadt, l'autre a l'empereur.
Il declarait au corps germanique et a l'empereur, que, si dans l'espace
de huit jours un contre-ordre n'etait pas donne a la marche des Russes,
il regarderait la guerre comme declaree. Jourdan avait ordre de passer
le Rhin aussitot ce delai expire.
Le congres de Rastadt avait singulierement avance ses travaux. Les
questions de la ligne du Rhin, du partage des iles, de la construction
des ponts, etant terminees, on ne s'occupait plus que de la question
des dettes. La plupart des princes germaniques, excepte les princes
ecclesiastiques, ne demandaient pas mieux que de s'entendre, pour eviter
la guerre; mais soumis la plupart a l'Autriche, ils n'osaient pas se
prononcer. Les membres de la deputation quittaient successivement
le congres, et bientot on allait se trouver dans l'impossibilite de
deliberer. Le congres declara ne pas pouvoir repondre a la note du
directoire, et en refera a la diete de Ratisbonne. La note destinee a
l'empereur fut envoyee a Vienne meme et resta sans reponse. La guerre se
trouvait donc declaree par le fait. Jourdan eut ordre de traverser le
Rhin, et de s'avancer, par la foret Noire, jusqu'aux sources du Danube.
Il franchit le Rhin le 11 ventose an VII (1er mars). L'archiduc Charles
franchit le Lech le 13 ventose (3 mars). Ainsi les limites que les deux
puissances s'etaient prescrites etaient franchies, et on allait de
nouveau en venir aux mains. Cependant, tout en faisant un
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