tierement demoralise, se replia rapidement dans le royaume de
Naples, et ne s'arreta que devant Capoue, sur la ligne du Volturne. Il
fit choix de ses troupes les meilleures, les placa devant Capoue et
sur toute la ligne du fleuve, qui est tres profond, et qui forme une
barriere difficile a franchir. Pendant ce temps, le roi etait rentre
a Naples, et son retour subit y avait jete la confusion. Le peuple,
furieux des echecs essuyes par l'armee, criait a la trahison, demandait
des armes, et menacait d'egorger les generaux, les ministres, tous ceux
auxquels il attribuait les malheurs de la guerre. Il voulait egorger
aussi tous ceux qu'on accusait de desirer les Francais et la revolution.
Cette cour odieuse n'hesita pas a donner aux lazzaronis des armes dont
il etait facile de prevoir l'usage. A peine ces especes de barbares
eurent-ils recu les depouilles des arsenaux, qu'ils s'insurgerent et
se rendirent maitres de Naples. Criant toujours a la trahison, ils
s'emparerent d'un messager du roi, et l'assassinerent. Le favori Acton,
auquel on commencait a attribuer les malheurs publics, la reine, le roi,
toute la cour, etaient dans l'epouvante. Naples ne paraissait plus un
sejour assez sur; l'idee de se refugier en Sicile fut aussitot concue
et adoptee. Le 11 nivose (31 decembre), les meubles precieux de la
couronne, tous les tresors des palais de Caserte et de Naples, et un
tresor de vingt millions, furent embarques sur l'escadre de Nelson, et
on fit voile pour la Sicile. Acton, l'auteur de toutes les calamites
publiques, ne voulut pas braver les dangers du sejour de Naples, et
s'embarqua avec la reine. Tout ce qu'on ne put pas emporter fut brule.
Ce fut au milieu d'une tempete, et a la lueur des flammes des chantiers
incendies, que cette cour lache et criminelle abandonna a ses dangers le
royaume qu'elle avait compromis. Elle laissa, dit-on, l'ordre d'egorger
la haute bourgeoisie, accusee d'esprit revolutionnaire. Tout devait etre
immole, jusqu'au rang de notaire. Le prince Pignatelli resta a Naples,
charge des pouvoirs du roi.
Pendant ce temps, Championnet s'avancait vers Naples. Il avait commis
a son tour la meme faute que Mack; il s'etait divise en plusieurs
colonnes, qui devaient se joindre devant Capoue. Leur jonction a travers
un pays difficile, au milieu d'un peuple fanatique et souleve de toutes
parts contre les pretendus ennemis de Dieu et de saint Janvier, etait
fort incertaine.
Championnet, arrive avec son corps
|