aires de quitter Naples
sous vingt-quatre heures. Une pareille conduite etait intolerable.
Meconnaitre les ordres du directoire et chasser de Naples les envoyes
revetus de ses pouvoirs, etait un acte qui meritait la plus severe
repression, a moins qu'on ne voulut abdiquer l'autorite supreme et
la remettre aux generaux. Le directoire ne faiblit pas, et grace a
l'energie des membres integres qui voulaient mettre fin aux gaspillages,
il deploya ici toute son autorite. Il destitua Championnet, malgre
l'eclat de ses derniers succes, et le livra a une commission militaire.
Malheureusement l'insubordination ne s'arreta pas la. Le brave Joubert
se laissa persuader que l'honneur militaire etait blesse par les arretes
du directoire; il ne voulut pas conserver le commandement aux conditions
nouvelles prescrites aux generaux, et donna sa demission. Le directoire
l'accepta. Bernadotte refusa de succeder a Joubert, par les memes
motifs. Neanmoins le directoire ne ceda pas et persista dans ses
arretes.
Le directoire s'occupa ensuite de la levee des conscrits, qui
s'executait lentement. Les deux premieres classes ne pouvant pas fournir
les deux cent mille hommes, il se fit autoriser a les prendre dans
toutes les classes, jusqu'a ce que le nombre requis fut complet. Pour
gagner du temps, il fut decide que les communes seraient chargees
elles-memes de l'equipement des nouvelles recrues, et que cette depense
serait comptee en deduction de la contribution fonciere. Ces nouveaux
conscrits, a peine equipes, devaient se rendre sur les frontieres, y
etre formes en bataillons de garnison, remplacer les vieilles troupes
dans les places et les camps de reserve, et des que leur instruction
serait suffisante, aller rejoindre les armees actives.
Le directoire s'occupait aussi du deficit. Le ministre Ramel, qui
administrait toujours nos finances avec lumiere et probite, depuis
l'etablissement du directoire, apres avoir verifie le produit des
impots, assurait que le deficit serait de 65 millions, sans compter tout
l'arriere provenant du retard dans les rentrees. Une violente dispute
s'engagea sur la quotite du deficit. Les adversaires du directoire ne le
portaient pas a plus de 15 millions. Ramel prouvait qu'il serait de 65
au moins, et peut-etre meme de 75. On avait imagine l'impot des portes
et fenetres, mais il ne suffisait pas. L'impot du sel fut mis en
discussion. Alors de grands cris s'eleverent: on opprimait le peuple,
disait-on, on faisait
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