spagne s'etait interposee de nouveau pour calmer des adversaires
irrites. Sa mediation, en provoquant des discussions, en faisant naitre
quelque possibilite d'arrangement, amenait de nouvelles hesitations a
Vienne, ou du moins de nouvelles lenteurs. A Naples, ou le zele etait
furibond, on etait indigne de tout delai, et on voulait trouver une
maniere d'engager la lutte, pour forcer l'Autriche a tirer le fer. La
folie de cette petite cour etait sans exemple. Le sort des Bourbons
etait, a cette epoque, d'etre conduits par leurs femmes a toutes les
fautes. On en avait vu trois a la fois dans le meme cas: Louis XVI,
Charles IV et Ferdinand. Le sort de l'infortune Louis XVI est connu.
Charles IV et Ferdinand, quoique par des voies differentes, etaient
entraines, par la meme influence, a une ruine inevitable. On avait fait
prendre au peuple de Naples la cocarde anglaise; Nelson etait traite
comme un dieu tutelaire. On avait ordonne la levee du cinquieme de la
population, espece d'extravagance, car il eut suffi d'en bien armer le
cinquantieme, pour prendre rang parmi les puissances. Chaque couvent
devait fournir un cavalier equipe; une partie des biens du clerge avait
ete mise en vente; tous les impots avaient ete doubles; enfin ce faiseur
de projets malheureux, dont tous les plans militaires avaient si mal
reussi, et que la destinee reservait a des revers d'une si etrange
espece, Mack avait ete demande a Naples pour etre mis a la tete de
l'armee napolitaine. On lui decerna le triomphe avant la victoire, et
on lui donna le titre de liberateur de l'Italie, le meme qu'avait porte
Bonaparte. A ces grands moyens on ajoutait des neuvaines a tous les
saints, des prieres a saint Janvier, et des supplices contre ceux qui
etaient soupconnes de partager les opinions francaises.
La petite cour de Naples continuait ses intrigues en Piemont et en
Toscane. Elle voulait que les Piemontais s'insurgeassent sur les
derrieres de l'armee qui gardait la Cisalpine, et les Toscans sur les
derrieres de celle qui gardait Rome. Les Napolitains auraient profite de
l'occasion pour attaquer de front l'armee de Rome; les Autrichiens en
auraient profite aussi pour attaquer de front celle de la Cisalpine,
et on augurait de toutes ces combinaisons, que pas un Francais ne se
sauverait. Le roi de Piemont, prince religieux, avait quelques scrupules
a cause du traite d'alliance qui le liait a la France; mais on lui
disait que la foi promise a des oppresseurs n'en
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