s brillans, qui leur avaient valu a chacun trois
ou quatre mille prisonniers, et qui avaient amplement compense l'echec
de Feldkirch. Ainsi les Francais, par leur vivacite et leur audace,
conservaient la superiorite dans les Alpes.
Les operations commencaient en Italie, le lendemain meme de la bataille
de Stokach. Les Francais avaient recu environ trente mille conscrits, ce
qui portait la masse de leurs forces en Italie a cent seize mille hommes
a peu pres. Ils etaient distribues ainsi qu'il suit: trente mille hommes
de vieilles troupes gardaient, sous Macdonald, Rome et Naples. Les
trente mille jeunes soldats etaient dans les places. Il restait
cinquante-six mille hommes sous Scherer. De ces cinquante-six mille
hommes, il en avait ete detache cinq mille sous le general Gauthier pour
occuper la Toscane, et cinq mille sous le general Dessoles pour agir
dans la Valteline. C'etaient donc quarante-six mille hommes qui
restaient a Scherer pour se battre sur l'Adige, point essentiel, ou il
aurait fallu porter toute la masse de nos forces. Outre l'inconvenient
du petit nombre d'hommes sur ce point decisif, il en etait un autre
qui ne fut pas moins fatal aux Francais. Le general n'inspirait aucune
confiance, il n'avait pas assez de jeunesse, comme nous l'avons dit; il
s'etait d'ailleurs depopularise pendant son ministere. Il le sentait
lui-meme, et il n'avait pris le commandement qu'a regret. Il allait
pendant la nuit ecouter les propos des soldats sous leurs tentes, et
recueillir de ses propres oreilles les preuves de son impopularite.
C'etaient la des circonstances bien defavorables, au debut d'une
campagne grande et difficile.
Les Autrichiens devaient etre commandes par Melas et Suwarow. En
attendant, ils obeissaient au baron de Kray, l'un des meilleurs
generaux de l'empereur. Avant meme l'arrivee des Russes, ils comptaient
quatre-vingt-cinq mille hommes dans la Haute-Italie. Soixante mille, a
peu pres, etaient deja sur l'Adige. Dans les deux armees l'ordre avait
ete donne de prendre l'offensive. Les Autrichiens devaient deboucher de
Verone, longer le pied des montagnes, et s'avancer au-dela du fleuve, en
masquant toutes les places. Ce mouvement avait pour but d'appuyer celui
de l'armee du Tyrol dans les montagnes.
Scherer n'avait recu d'autre injonction que de franchir l'Adige. La
commission etait difficile, car les Autrichiens avaient tout l'avantage
de cette ligne. Elle doit etre assez connue par la campagne de 1796.
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