de Hoche, et le depart de
Bonaparte, Desaix et Kleber pour l'Egypte, les choix etaient beaucoup
plus limites. Il restait un general dont la reputation etait grande
et meritee, c'etait Moreau. On pouvait etre plus audacieux, plus
entreprenant, mais on n'etait ni plus ferme ni plus sur. Un etat defendu
par un tel homme ne pouvait perir. Disgracie a cause de sa conduite
dans l'affaire Pichegru, il avait modestement consenti a devenir simple
inspecteur d'infanterie. On le proposa au directoire pour commander en
Italie. Depuis que Bonaparte avait tant attire l'attention sur cette
belle contree, depuis qu'elle etait comme la pomme de discorde entre
l'Autriche et la France, ce commandement semblait le plus important.
C'est pourquoi on songea a Moreau. Barras s'y opposa de toutes ses
forces. Il donna des raisons de grand patriote, et presenta Moreau comme
suspect, a cause de sa conduite au 18 fructidor. Ses collegues eurent
la faiblesse de ceder. Moreau fut ecarte, et resta simple general de
division dans l'armee qu'il aurait du commander en chef. Il accepta
noblement ce rang subalterne et au-dessous de ses talens. Joubert et
Bernadotte avaient refuse le commandement de l'armee d'Italie, on sait
par quels motifs. On songea donc a Scherer, ministre de la guerre. Ce
general, par son succes en Belgique et sa belle bataille de Loano,
s'etait acquis beaucoup de reputation. Il avait de l'esprit, mais un
corps use par l'age et les infirmites; il n'etait plus capable de
commander a des jeunes gens pleins de force et d'audace. D'ailleurs il
s'etait brouille avec la plupart de ses camarades, en voulant apporter
quelque rigueur dans la repression de la licence militaire. Barras le
proposa pour general de l'armee d'Italie. On dit que c'etait pour le
faire sortir du ministere de la guerre, ou il commencait a devenir
importun par sa severite. Cependant les militaires que l'on consulta,
notamment Bernadotte et Joubert, ayant parle de sa capacite comme on en
parlait alors dans l'armee, c'est-a-dire avec beaucoup d'estime, il fut
nomme general en chef de l'armee d'Italie. Il s'en defendit beaucoup,
alleguant son age, sa sante, et surtout son impopularite, due aux
fonctions qu'il avait exercees; mais on insista et il fut oblige
d'accepter.
Championnet, traduit devant une commission, fut remplace dans le
commandement de l'armee de Naples par Macdonald. Massena fut charge du
commandement de l'armee d'Helvetie. Ces choix etaient excellens, et la
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