fond de la Peninsule, et, par cette
concentration de forces, regagner la superiorite perdue dans la journee
de Magnano. Mais le malheureux Scherer avait entierement perdu la tete.
Ses soldats etaient plus mal disposes que jamais. Maitres depuis trois
ans de l'Italie, ils etaient indignes de se la voir arracher, et ils
n'imputaient leurs revers qu'a l'imperitie de leur general. Il est
certain que, pour eux, ils avaient fait leur devoir aussi bien que dans
les plus beaux jours de leur gloire. Les reproches de son armee avaient
ebranle Scherer autant que sa defaite. Ne croyant pas pouvoir tenir sur
le Mincio, il se retira sur l'Oglio, puis sur l'Adda, ou il se porta le
12 avril. On ne savait ou s'arreterait ce mouvement retrograde.
La campagne etait a peine ouverte depuis un mois et demi, et deja nous
etions en retraite sur tous les points. Le chef d'etat-major Ernould,
que Jourdan avait laisse avec l'armee du Danube a l'entree des defiles
de la foret Noire, avait pris peur en apprenant une incursion de
quelques troupes legeres sur l'un de ses flancs, et s'etait retire en
desordre sur le Rhin. Ainsi, en Allemagne comme en Italie, nos armees,
aussi braves que jamais, perdaient cependant leurs conquetes, et
rentraient battues sur la frontiere. Ce n'est qu'en Suisse que nous
avions conserve l'avantage. La, Massena se maintenait avec toute la
tenacite de son caractere; et, sauf la tentative infructueuse sur
Feldkirch, il avait toujours ete vainqueur. Mais, etabli sur le saillant
que forme la Suisse entre l'Allemagne et l'Italie, il etait place entre
deux armees victorieuses, et il devenait indispensable qu'il se retirat.
Il venait en effet d'en donner l'ordre a Lecourbe, et il se repliait
dans l'interieur de la Suisse, mais avec ordre, et en gardant l'attitude
la plus imposante.
Nos armes etaient humiliees, et nos ministres allaient devenir a
l'etranger les victimes du plus odieux et du plus atroce attentat. La
guerre etant declaree a l'empereur, et non a l'empire germanique, le
congres de Rastadt etait reste assemble. On etait pres de s'entendre sur
la derniere difficulte, celle des dettes; mais les deux tiers des etats
avaient deja rappele leurs deputes. C'etait un effet de l'influence de
l'Autriche, qui ne voulait pas qu'on fit la paix. Il ne restait plus au
congres que quelques deputes de l'Allemagne, et la retraite de l'armee
du Danube ayant ouvert le pays, on deliberait au milieu des troupes
autrichiennes. Le cabinet
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