nt. Celui-ci etait leur
chef civil, comme Ronsin leur chef militaire. Ils avaient des liaisons
avec la commune par Hebert, substitut de Chaumette, et par le maire Pache,
toujours pret a recevoir chez lui tous les partis, et a caresser tous les
hommes redoutables. Momoro, l'un des presidens des cordeliers, etait leur
fidele partisan et leur avocat aux Jacobins. Ainsi on rangeait ensemble
Ronsin, Vincent, Hebert, Chaumette, Momoro; et on ajoutait a la liste Pache
et Bouchotte, comme des complaisans qui leur laissaient usurper deux
grandes autorites.
Deja ces hommes ne se contenaient plus dans leurs discours contre ces
representans qui voulaient, disaient-ils, s'eterniser au pouvoir et faire
grace aux aristocrates. Un jour, etant a diner chez Pache, ils y
rencontrerent Legendre, l'ami de Danton, autrefois l'imitateur de sa
vehemence, aujourd'hui de sa reserve, et la victime de cette imitation, car
il essuyait les attaques qu'on n'osait pas diriger contre Danton lui-meme.
Ronsin et Vincent lui adresserent de mauvais propos. Vincent, qui avait ete
son oblige, l'embrassa en lui disant qu'il embrassait l'ancien, et non le
nouveau Legendre; que le nouveau Legendre etait devenu un modere et ne
meritait aucune estime. Vincent lui demanda ensuite avec ironie s'il avait
porte dans ses missions le costume de depute. Legendre lui ayant repondu
qu'il le portait aux armees, Vincent ajouta que ce costume etait fort
pompeux, mais indigne de vrais republicains; qu'il habillerait un mannequin
de ce costume, qu'il rassemblerait le peuple, et lui dirait: "Voila les
representans que vous vous etes donnes! ils vous prechent l'egalite, et se
couvrent d'or et de plumes." Il dit ensuite qu'il mettrait le feu au
mannequin. Legendre alors le traita de fou et de seditieux. On fut pres
d'en venir aux mains, au grand effroi de Pache. Legendre ayant voulu
s'adresser a Ronsin, qui paraissait plus calme, et l'ayant engage a moderer
Vincent, Ronsin repondit qu'a la verite Vincent etait vif, mais que son
caractere convenait aux circonstances, et qu'il fallait de pareils hommes
pour le temps ou l'on vivait. "Vous avez, ajouta Ronsin, une faction dans
le sein de l'assemblee; si vous ne l'en chassez pas, vous nous en ferez
raison." Legendre sortit indigne, et repeta tout ce qu'il avait vu et
entendu pendant ce repas. La conversation fut connue, et donna une nouvelle
idee de l'audace et de la frenesie des deux hommes qu'on venait d'elargir.
Ils temoignaient
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