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ni vanite, ni petites passions.
Je le crois entraine par le patriotisme non moins que par la colere; mais
qu'il reflechisse! qu'il considere la lutte qui s'engage! il verra que les
moderes prendront sa defense, que les aristocrates se rangeront de son
cote, que la convention elle-meme se partagera, qu'il s'y elevera
peut-etre un parti de l'opposition, ce qui serait desastreux, et ce qui
renouvellerait le combat dont on est sorti, et les conspirations qu'on a eu
tant de peine a dejouer!" Il invite Philippeau a examiner ses motifs
secrets, et les jacobins a l'ecouter silencieusement.
Rien n'etait plus sage et plus convenable que les observations de
Robespierre, au ton pres, qui etait toujours emphatique et doctoral,
surtout depuis qu'il dominait aux jacobins. Philippeau reprend la parole,
se rejette dans les memes personnalites, et provoque le meme trouble.
Danton impatiente s'ecrie qu'il faut abreger de telles querelles, et nommer
une commission qui examine les pieces du proces. Couthon dit qu'avant meme
de recourir a cette mesure, il faut s'assurer si la question en vaut la
peine, si ce ne serait pas simplement une question d'homme a homme, et il
propose de demander a Philippeau si, en son ame et conscience, il croit
qu'il y ait eu trahison. Alors il s'adresse a Philippeau.--"Crois-tu, lui
dit-il, en ton ame et conscience, qu'il y ait eu trahison?--Oui, repond
imprudemment Philippeau.--En ce cas, reprend Couthon, il n'y a point
d'autre moyen; il faut nommer une commission qui ecoute les accuses et les
accusateurs, et en fasse son rapport a la societe." La proposition est
adoptee, et la commission est chargee d'examiner, outre les accusations de
Philippeau, la conduite de Bourdon de l'Oise, de Fabre-d'Eglantine et de
Camille Desmoulins.
C'etait le 3 nivose (23 decembre). Dans l'intervalle de temps employe par
la commission a faire son rapport, la guerre de plume et les recriminations
continuerent sans interruption. Les cordeliers exclurent Camille Desmoulins
de leur societe. Ils firent de nouvelles petitions pour Ronsin et Vincent,
et vinrent les communiquer aux jacobins, pour engager ceux-ci a les appuyer
aupres de la convention. Cette foule d'aventuriers, de mauvais sujets, dont
on avait rempli l'armee revolutionnaire, se montraient partout, dans les
promenades, les tavernes, les cafes, les spectacles, en epaulettes de laine
et en moustaches, faisaient grand bruit pour Ronsin, leur general, et
Vincent, leur ministre
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