suivie sans relache, et ils arriverent a Savenay
le soir meme du jour ou elle y entra. Savenay avait la Loire a gauche, des
marais a droite, et un bois en avant. Kleber sentit l'importance d'occuper
le bois le jour meme, et de se rendre maitre de toutes les hauteurs, afin
d'ecraser le lendemain les Vendeens dans Savenay, avant qu'ils eussent le
temps d'en sortir. En effet, il lanca l'avant-garde sur eux; et lui-meme,
saisissant le moment ou les Vendeens debouchaient du bois pour repousser
cette avant-garde, s'y jeta hardiment avec un corps d'infanterie, et les en
debusqua tout a fait. Alors ils s'enfuirent dans Savenay, et s'y
enfermerent, sans cesser neanmoins de faire un feu soutenu pendant toute la
nuit. Westermann et les representans proposaient d'attaquer sur-le-champ,
pour tout detruire des la nuit meme. Kleber, qui ne voulait pas qu'une
faute lui fit perdre une victoire assuree, declara positivement qu'on
n'attaquerait pas; et puis, s'enfoncant dans un sang-froid imperturbable,
il laissa dire, sans repondre a aucune provocation. Il empecha ainsi toute
espece de mouvement.
Le lendemain, 23 decembre, avant le jour, il etait a cheval avec Marceau,
et parcourait sa ligne, lorsque les Vendeens desesperes et ne voulant pas
survivre a cette journee, se precipitent les premiers sur les republicains.
Marceau marche avec le centre, Canuel avec la droite, Kleber avec la
gauche. Tous se precipitent et reploient les Vendeens sur eux-memes.
Marceau et Kleber se reunissent dans la ville, prennent tout ce qu'ils
rencontrent de cavalerie, et s'elancent a la suite des Vendeens. La Loire
et les marais interdisaient toute retraite a ces infortunes; un grand
nombre fut immole a coups de baionnette, d'autres furent faits prisonniers,
et a peine quelques-uns trouverent-ils le moyen de se sauver. Ce jour, la
colonne fut entierement detruite, et la grande guerre de la Vendee
veritablement finie.
Ainsi, cette malheureuse population, rejetee hors de son pays par
l'imprudence de ses chefs, et reduite a chercher un port pour se refugier
vers les Anglais, avait mis vainement le pied dans les eaux de l'Ocean.
N'ayant pu prendre Granville, elle avait ete ramenee sur la Loire, n'avait
pu la repasser, avait ete refoulee une seconde fois en Bretagne, et de
Bretagne sur la Loire encore. Enfin, ne pouvant franchir cette barriere
fatale, elle venait d'expirer tout entiere, entre Savenay, la Loire et des
marais. Westermann fut charge, avec sa cavale
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