urrections: _Il faut un chef_. Alors ils se disaient mysterieusement a
l'oreille: _Pache sera fait grand-juge_.
Cependant, bien que le nouveau parti disposat de moyens assez
considerables, bien qu'il eut pour lui l'armee revolutionnaire et une
disette, il n'avait cependant ni le gouvernement, ni l'opinion, car les
jacobins lui etaient opposes. Ronsin, Vincent, Hebert, etaient obliges de
professer pour les autorites etablies un respect apparent, de cacher leurs
projets, de les tramer dans l'ombre. A l'epoque du 10 aout et du 31 mai,
les conspirateurs, maitres de la commune, des Cordeliers, des Jacobins, de
tous les clubs, ayant dans l'assemblee nationale et les comites de nombreux
et energiques partisans, osant conspirer a decouvert, pouvaient entrainer
publiquement le peuple a leur suite, et se servir des masses pour
l'execution de leurs complots; mais il n'en etait pas de meme pour le parti
des _ultra-revolutionnaires_.
L'autorite actuelle ne refusait aucun des moyens extraordinaires de
defense, ni meme de vengeance; des trahisons n'accusaient plus sa
vigilance; des victoires sur toutes les frontieres attestaient au contraire
sa force, son habilete et son zele. Par consequent, ceux qui attaquaient
cette autorite et promettaient ou une habilete ou une energie superieures
a la sienne, etaient des intrigans qui agissaient evidemment dans un but de
desordre ou d'ambition. Telle etait la conviction publique, et les conjures
ne pouvaient se flatter d'entrainer le peuple a leur suite. Ainsi, quoique
redoutables si on les laissait agir, ils l'etaient peu si on les arretait a
temps.
Le comite les observait, et il continuait, par une suite de rapports, a
deconsiderer les deux partis opposes. Dans les ultra-revolutionnaires, il
voyait de veritables conspirateurs a detruire; au contraire, il
n'apercevait dans les moderes que d'anciens amis, qui partageaient ses
opinions, et dont le patriotisme ne pouvait lui etre suspect. Mais pour ne
point paraitre faiblir en frappant les ultra-revolutionnaires, il etait
oblige de condamner les moderes, et d'en appeler sans cesse a la terreur.
Ces derniers voulaient repondre. Camille ecrivait de nouveaux numeros;
Danton et ses amis combattaient dans leurs entretiens les raisons du
comite, et des lors une lutte d'ecrits et de propos s'etait engagee.
L'aigreur s'en etait suivie, et Saint-Just, Robespierre, Barrere, Billaud,
qui d'abord n'avaient repousse les moderes que par politique, et pour e
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