veur, et un membre meme du comite de
salut public, compromis dans leur systeme sanguinaire, les defendait pour
se defendre lui-meme. Leurs adversaires commencaient, de leur cote, a
mettre la plus grande energie dans leurs attaques. Philippeau, revenu de la
Vendee, et plein d'indignation contre l'etat-major de Saumur, voulait que
le comite de salut public, partageant sa colere, poursuivit Rossignol,
Ronsin et autres, et vit une trahison dans la non-reussite du plan de
campagne du 2 septembre. On a deja vu combien il y avait de torts
reciproques, de malentendus, et d'incompatibilites de caractere, dans la
conduite de cette guerre. Rossignol et l'etat-major de Saumur avaient eu
de l'humeur, mais n'avaient point trahi; le comite, en les desapprouvant,
ne pouvait leur faire essuyer une condamnation qui n'aurait ete ni juste ni
politique. Robespierre aurait voulu qu'on s'expliquat a l'amiable; mais
Philippeau, impatient, ecrivit un pamphlet virulent ou il raconta toute la
guerre, et ou il mela beaucoup d'erreurs a beaucoup de verites. Cet ecrit
devait produire la plus vive sensation, car il attaquait les
revolutionnaires les plus prononces, et les accusait des plus affreuses
trahisons. "Qu'a fait Ronsin? disait Philippeau; beaucoup intrigue,
beaucoup vole, beaucoup menti! Sa seule expedition c'est celle du 18
septembre, ou il fit accabler quarante-cinq mille patriotes par trois mille
brigands; c'est cette journee fatale de Coron, ou, apres avoir dispose
notre artillerie dans une gorge, a la tete d'une colonne de six lieues de
flanc, il se tint cache dans une etable comme un lache coquin, a deux
lieues du champ de bataille, ou nos infortunes camarades etaient foudroyes
par leurs propres canons." Les expressions n'etaient pas menagees, comme on
le voit, dans l'ecrit de Philippeau. Malheureusement, le comite de salut
public, qu'il aurait du mettre dans ses interets, n'etait pas traite avec
beaucoup d'egards. Philippeau, mecontent de ne pas voir son indignation
assez partagee, semblait imputer au comite une partie des torts qu'il
reprochait a Ronsin, et employait meme cette expression offensante: _Si
vous n'avez ete que trompes_.
L'ecrit, comme nous venons de le dire, produisit une grande sensation.
Camille Desmoulins ne connaissait point Philippeau; mais, satisfait de voir
que dans la Vendee les ultra-revolutionnaires avaient autant de torts qu'a
Paris, et n'imaginant pas que la colere eut aveugle Philippeau jusqu'a lui
faire ch
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