ices genereux qu'il avait rendus aux vieux patriotes, et il
s'exprimait de la maniere suivante a l'egard du culte et des proscriptions:
"Il faut, disait-il, a l'esprit humain malade le lit plein de songes de la
superstition: et a voir les fetes, les processions qu'on institue, les
autels et les saints sepulcres qui s'elevent, il me semble qu'on ne fait
que changer le lit du malade; seulement on lui retire l'oreiller de
l'esperance d'une autre vie.... Pour moi, je l'ai dit ainsi, le jour meme
ou je vis Gobel venir a la barre, avec sa double croix qu'on portait en
triomphe devant le philosophe _Anaxagoras_[8].
Si ce n'etait pas un crime de lese-Montagne, de soupconner un president des
jacobins et un procureur de la commune, tels que Clootz et Chaumette, je
serais tente de croire qu'a cette nouvelle de Barrere, _la Vendee n'existe
plus_, le roi de Prusse s'est ecrie douloureusement: _Tous nos efforts
echoueront donc contre la republique, puisque le noyau de la Vendee est
detruit!_ et que l'adroit Luchesini, pour le consoler, lui aura dit: _Heros
invincible, j'imagine une ressource; laissez-moi faire. Je paierai quelques
pretres pour se dire charlatans, j'enflammerai le patriotisme des autres
pour faire une pareille declaration. Il y a a Paris deux fameux patriotes
qui seront tres propres par leurs talens, leur exageration, et leur systeme
religieux bien connu, a nous seconder et a recevoir nos impressions. Il
n'est question que de faire agir nos amis en France, aupres des deux grands
philosophes Anacharsis et Anaxagoras; de mettre en mouvement leur bile, et
d'eblouir leur civisme, par la riche conquete des sacristies_. (J'espere
que Chaumette ne se plaindra pas de ce numero; le marquis de Luchesini ne
peut pas parler de lui en termes plus honorables.) _Anacharsis et
Anaxagoras croiront pousser la roue de la raison, tandis que ce sera celle
de la contre-revolution; et bientot, au lieu de laisser mourir en France de
vieillesse et d'inanition le papisme pret a y rendre le dernier soupir, je
vous promets, par la persecution et l'intolerance contre ceux qui
voudraient messer et etre messes, de faire passer force recrues a Lescure
et a La Rochejaquelein_."
Camille, racontant ensuite ce qui se faisait sous les empereurs romains, et
pretendant ne donner qu'une traduction de Tacite, fit une effrayante
allusion a la loi des suspects. "Anciennement, dit-il, il y avait a Rome,
selon Tacite, une loi qui specifiait les crimes d'eta
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