ehors. Momoro, aux
Cordeliers, Hebert, aux Jacobins, s'efforcaient d'exciter en faveur de
leurs amis l'interet des chauds revolutionnaires. Les cordeliers firent une
petition, et, d'un ton assez peu respectueux, demanderent si on voulait
punir Vincent et Ronsin d'avoir courageusement poursuivi Dumouriez,
Custine et Brissot; ils declarerent qu'ils regardaient ces deux citoyens
comme d'excellens patriotes, et qu'ils les conserveraient toujours comme
membres de leur societe. Les jacobins presenterent une petition plus
mesuree, et se bornerent a demander qu'on accelerat le rapport sur Vincent
et Ronsin, afin de les punir s'ils etaient coupables, ou de les rendre a la
liberte s'ils etaient innocens.
Le comite de salut public gardait encore le silence. Collot-d'Herbois seul,
quoique membre du comite et partisan oblige du gouvernement, montra le plus
grand zele pour Ronsin. Le motif en etait naturel: la cause de Vincent lui
etait presque etrangere, mais celle de Ronsin, envoye a Lyon avec lui, et
de plus executeur de ses sanglantes ordonnances, le touchait de tres pres.
Collot d'Herbois avait soutenu avec Ronsin qu'il n'y avait qu'un centieme
des Lyonnais qui fussent patriotes; qu'il fallait deporter ou immoler le
reste, charger le Rhone de cadavres, effrayer tout le Midi de ce spectacle,
et frapper de terreur la rebelle cite de Toulon. Ronsin etait en prison
pour avoir repete ces horribles expressions dans une affiche. Collot
d'Herbois, rappele pour rendre compte de sa mission, avait le plus grand
interet a justifier la conduite de Ronsin, afin de faire approuver la
sienne. Dans ce moment, il arrivait une petition signee de quelques
citoyens lyonnais, qui faisaient la peinture la plus dechirante des maux de
leur ville. Ils montraient les mitraillades succedant aux executions de la
guillotine, une population entiere menacee d'extermination, et une cite
riche et manufacturiere demolie, non plus avec le marteau, mais avec la
mine. Cette petition, que quatre citoyens avaient eu le courage de signer,
produisit une impression douloureuse sur la convention. Collot-d'Herbois se
hata de faire son rapport, et dans son ivresse revolutionnaire, il presenta
ces terribles executions comme elles s'offraient a sa propre imagination,
c'est-a-dire comme indispensables et toutes naturelles. "Les Lyonnais,
disait-il en substance, etaient vaincus, mais ils disaient hautement qu'ils
prendraient bientot leur revanche. Il fallait frapper de terreur c
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