us voir.
Votre voix m'etait douce et j'aimais a l'entendre;
Je vous aimais enfin, a quoi bon m'en defendre?
J'etais heureuse en vous attendant chaque soir.
M'etiez-vous un ami? Vous m'etiez plus, peut-etre,
Et jusqu'ici, Stello, si j'ai, sans le vouloir,
En vous aimant ainsi fait grandir votre espoir,
Vous en avez le droit, vous pouvez meconnaitre
Un tel nom. Mais, du moins, laissez-moi regretter
De ne point avoir su vous le faire accepter.
Ainsi dans le grand parc desert, sous la ramure,
Leurs voix s'entremelaient comme un faible murmure;
Tous deux parlaient encore,--il faisait deja nuit,--
Oubliant le destin devant cette nature,
Temoin de leur tristesse. Et quand Stello partit,
Son front cherchait en vain la fraicheur passagere;
Il marchait au hasard et d'un pas inegal.
Une larme brulante errait sous sa paupiere;
Il emportait au coeur une blessure amere.
La comtesse en pleura, dit-on, jusqu'a son bal.
III
Si vous avez connu la mine la plus fiere,
Le bras le plus vaillant et le plus noble coeur,
Le coeur le plus aimant qui fut jamais sur terre,
Vous connaissez Stello. Libertin et reveur,
Tenace comme un roc et doux comme une fille,
Il avait les defauts d'un bon fils de famille
Et ce rare bonheur de compter a la fois
Les solides vertus des heros d'autrefois.
Il avait de bonne heure appris l'experience,
Son pere, Dieu merci! l'ayant, des son enfance,
Laisse maitre de lui comme on l'est a vingt ans;
Ce qui fit qu'il connut la vie avant le temps.
Avec ses vingt-deux ans, il pensait comme a trente
Et s'ennuyait de tout sans que rien le tourmente,
Jusqu'a ce que son coeur se fit prendre un beau jour
A ce jeu si cruel et si vieux de l'amour.
Au reste, sa fortune egalait sa noblesse.
Rien ne vint donc, durant le cours de sa jeunesse,
Entraver sa nature ou gener son instinct;
Il grandit librement, au gre de son destin.
Ce qu'il etait reste Dieu l'avait voulu faire.
Tel il etait sorti du ventre de sa mere,
Tel nous le retrouvons au jour de ce recit.
--Et ce qu'il en advint depuis lors, le voici:
Avec de pareils dons que lui fit la nature,
Je vous laisse a penser,--sans compter sa figure,--
Si Stello dans le monde eut bientot des amis.
Heureusement pour lui, la chose la plus sure,
Il savait qu'ici-bas, c'est le pouvoir acquis
Sur soi-meme, et depuis qu'il marchait dans la vie,
Il avait assez vu comme l
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