etoiles sont faites
Et brillent dans l'azur des soirs!
Vous, pour qui les perles sont rondes!
O vous, les brunes et les blondes!
Vous, les yeux bleus et les yeux noirs!
Si vous avez, par aventure,
Daigne me suivre jusqu'ici,
Laissez-la, je vous en conjure,
Laissez-la ce triste recit
Dont j'ai commence la peinture,
Car un destin malencontreux
Reserve a nos deux amoureux
Un denoument des plus affreux.
Adieu le reve! adieu l'ivresse!
Adieu l'amour et la tendresse
Et les frais soupirs eperdus!
Adieu le bal et ses delires,
Et les parfums et les sourires!
Adieu tous les bonheurs perdus!
Chevaux, postillon et berline
Qui, sur le flanc de la colline,
Descendiez si legerement,
Vos grelots aux notes joyeuses,
Durant les nuits silencieuses,
N'effraieront plus l'echo dormant.
Sur le grand chemin solitaire
Vous n'ecaillerez plus la terre
Que durcit le givre argentin.
Tout ce passe que je souleve
S'est evanoui comme un reve
Aux premiers rayons du matin.
O gaite! reste ensevelie.
Mon ame est desormais emplie
D'une sombre melancolie.
Je suis si triste que vraiment
Je ne sais plus du tout comment
Je vais reprendre mon roman.
Et, malgre mon regret sincere,
Je commence a m'apercevoir
Que le dramatique et le noir
Ne sont pas du tout mon affaire.
Mais puisque j'ai, sans m'en douter,
Commence de vous raconter
Une histoire des plus touchantes,
Quoi qu'il puisse m'en advenir,
Je vais tacher de la finir
En vous priant d'etre indulgentes.
Si vous aviez quelque amitie
Pour le heros et l'heroine
De ce roman tres-detaille,
J'en appelle a votre pitie;
Car leur bonheur s'est effeuille
Ainsi qu'un bouquet d'eglantine.
Ma plume hesite a retracer
Le recit d'aussi tristes choses;
Helas! quittez vos habits roses!
Helas! vos beaux yeux vont pleurer.
VI
Donc, autrefois, c'etait l'usage:
Pour peu qu'on se fut epouse
Et que l'on fut civilise,
Il fallait partir en voyage
Le soir meme du mariage.
On n'a jamais bien su comment
Ni pourquoi vint cette methode;
Mais sachez que c'etait la mode
Et que vous-meme, assurement,
N'eussiez pas fait differemment.
Car, suivant un vieil axiome,
La mode etait, dans le royaume,
Aussi puissante que le roi;
Et, pas plus tot la noce faite,
On se fut fait couper la tete
Plutot que de rester chez soi.
Le depart etait une rage;
On
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