stres que deja palissait le matin,
Laissait pendre ses bras comme une masse inerte.
Ah! si Rosine alors, par une porte ouverte,
Avait pu contempler ce spectacle navrant!
Devant cette misere et cet abaissement,
Devant ce regard morne et cette indifference;
En songeant qu'elle avait d'une vaine esperance
Berce ce coeur qu'ensuite elle avait dechire;
En songeant qu'elle seule avait desespere
Celui qui cherchait la l'oubli de sa souffrance
Et qu'a peine, aujourd'hui, son oeil reconnaitrait;
En retrouvant ainsi cette riche nature
Ou la pale Debauche imprimait sa souillure,
Aurait-elle pleure de ce qu'elle avait fait?
VI
Depuis tantot six mois qu'il menait cette vie,
Cherchant en vain l'oubli qu'il ne pouvait trouver,
Apres avoir couru par toute l'Italie,
Suivi du train royal d'un prince qui s'ennuie,
Un soir notre heros debarqua dans Alger.
Son luxe pouvait seul egaler sa folie,
Et, pour le coup, Stello se ruinait bel et bien.
Les faciles amis qu'il trainait a sa suite
Prevoyaient, sans aller ni plus loin ni plus vite,
Que leur hote, en deux ans, mangerait tout son bien.
Lui-meme il le savait et glissait de plus belle
Sur la pente fatale ou nous pousse l'ennui.
Il disait seulement,--sa ruine vint-elle,--
Qu'il partirait avant qu'on n'en sut la nouvelle,
Et qu'on n'entendrait plus, des lors, parler de lui.
Pour le moment Stello, sans souci de la vie,
Menait un train de prince en son chateau d'_Hydra_.
C'est la que nous l'avons, par une nuit d'orgie,
Retrouve, s'affolant en noble compagnie,
Fort epris de Georgette et gris comme un soldat.
O dedale du coeur, labyrinthe plein d'ombre!
Mystere de l'amour,--o palais!--o decombre!
Qui de nous a jamais sonde ta profondeur?
Ceux qui l'ont voulu faire en sont morts de douleur
Sans avoir vu la fin de tes detours sans nombre.
Si basse est donc ta voute et ton chemin si sombre
Que, parmi tant de fronts que ton air a fletris,
Les plus hautains soient ceux qui sont les plus meurtris?
Est-il vrai qu'ici-bas il n'est de grands poetes
Que ceux qui n'ont chante dans leur divin concert
Et pleure dans le vent de leurs nuits inquietes
Que leurs sanglots reels et que leurs propres fetes,
Et que l'on n'est si grand que pour avoir souffert?
Se peut-il donc, mon Dieu, que l'amour d'une femme
Une misere, un rien, un caprice ecoute,
Jette, ainsi qu'une tete au tranchant d'une lam
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