t maudire ou dominer l'ardeur.
O chaste amante! et toi, pauvre Rose endormie,
Helas! dans cet instant ou se jouait ta vie,
Pendant que ton Stello mourait entre des bras
Qui n'etaient pas les tiens, tu ne t'eveillas pas!
X
Voila notre amoureux avec ses deux maitresses
Pareilles en tous points; d'un aussi tendre amour
Les aimant toutes deux et croyant sans detour
Rester loyal, tout en partageant ses caresses.
Vainement cherchait-il a se persuader
Qu'il ne devait point vivre en cette double ivresse;
Lui-meme il condamnait sa coupable faiblesse
Et ne pouvait pourtant se resoudre a quitter
L'une ou l'autre des deux et, rien que d'y songer,
Il etait pris soudain d'une telle tristesse
Qu'il se sentait palir et le coeur lui manquer.
Aux genoux de Rosine il se jurait dans l'ame
Que son coeur, malgre lui, n'aimait que cette femme
Et faisait le serment,--pauvres serments d'amours!--
De ne plus voir jamais Rosette de ses jours.
Mais quand, la nuit venue, il revoyait Rosette,
Honteux et repentant, il s'avouait tout bas
Qu'elle seule regnait sur son ame inquiete,
Et, sincere toujours, lui jurait sur sa tete
Qu'il n'avait, de sa vie, aime que dans ses bras.
Quoi qu'il en soit, flottant de l'une a l'autre amie,
Notre amoureux menait une assez douce vie
Et se trouvait si bien dans ce tendre embarras
Que, soit pour conserver sa chere inquietude,
Soit par oubli, faiblesse ou par incertitude,
Soit pour toute autre chose, il ne s'en sortait pas.
XI
Qu'a-t-elle donc, Rosette? Une vague tristesse,
Comme un pressentiment a travers son bonheur,
Vient noyer son regard et donne a sa tendresse
Je ne sais quel accent de furtive langueur.
Tu souffres.... Par moments ta voix entrecoupee
Trahit le battement de ton coeur inquiet.
Ton front moite est brulant et ton sommeil distrait
Souleve a chaque instant ta poitrine oppressee.
Pourquoi t'eveilles-tu soudain, les yeux en pleurs?
Qu'as-tu donc a pleurer? Pourquoi ton beau sourire
Est-il d'une tristesse impossible a decrire?
Quel est-il donc, enfant, ce mal dont tu te meurs?
Il t'aime, lui, pourtant; et ton ame est ravie
Au seul bruit de ses pas. Son amour est ta vie;
Il t'a dit ce matin qu'il ne vit que pour toi.
Deja dans ton amour as-tu perdu ta foi?
Pleure donc, pauvre fille, et soulage ton ame!
Laisse-la deborder, cette amere douleur
Si grande qu'elle n'a d'egal que ton m
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