Pour les maris!
Ces pauvres gens ... mais je m'arrete;
Car, Dieu merci!
Pas plus que vous ne m'inquiete
Un tel souci!
Mon avis, puisque la franchise
Est de saison,
Est que vous avez, quoi qu'on dise,
Toujours raison;
D'abord parce que, dans la vie,
Autant qu'on peut,
Je trouve qu'il faut suivre un peu
Sa fantaisie;
Et puis, vous savez bien, Ninon,
Vous que j'implore,
Que, tout ce que vous trouvez bon,
Moi je l'adore.
Et je le dis sincerement,
Chacun avoue,
Femmes, que le bon Dieu vous doue
Tres-joliment.
Et qu'il n'est pas un homme au monde
Qui vaille enfin
La moindre fille, brune ou blonde.
C'est bien certain.
II
Pour en revenir au malaise
De mon esprit,
Nous parlions de ce qui me pese
Et m'assombrit:
Non! ce n'est ni la Poesie
Au front reveur,
Engendrant la melancolie
Dans tout le coeur;
Ni le spleen qui baille et qui baille,
Le spleen maudit
Triste et plat comme une muraille
Qu'on reblanchit;
Ni rien des malheurs de la vie,
Petits ou grands,
Qui passent et que l'on oublie
Avec le temps.
Mais alors, d'ou vient que mon ame
Voit tout en noir?
Que mon coeur palpite, sans flamme
Et sans espoir?
Quel est donc ce malaise etrange
Qui m'engourdit?
Est-ce mon diable ou mon bon ange
Qui m'affadit?
Je crois que j'aimais ma maitresse,
Sans m'en douter;
Et que je suis plein de tristesse
De la quitter.
Suis-je donc un amant fidele?
Car, en un mot,
J'ai dans l'ame une peur mortelle
De l'aimer trop.
Je laisse, helas! tout ce que j'aime
Derriere moi;
Si je pleure au fond de moi-meme,
Voila pourquoi.
Je sens que mon coeur se reveille,
Espoir decu!
Quand je le crois mort, il sommeille
A mon insu.
Nous avons beau faire, notre ame
Subsiste en nous
Et brule, etincelle sans flamme,
D'un feu plus doux.
Cette etincelle est notre vie,
Joie ou malheur;
Sa lueur, ardente ou palie,
Jamais ne meurt.
C'est la mysterieuse chaine
Qui nous unit
A tout ce que notre ame en peine
Aime et benit;
C'est l'amour qui tue ou fait vivre;
C'est notre sort;
C'est l'etoile qu'il nous faut su
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