cipal,
C'est qu'il en revint. Mais le pire,
Ce fut le changement moral
Qui s'opera dans sa nature.
On ne le vit, dans ces trois mois,
Pas sourire une seule fois,
Et cette funeste aventure,
Apres meme qu'il fut gueri,
Paraissait, a ce qu'on assure,
L'avoir pour toujours assombri.
Il revenait; mais ses idees
Etaient visiblement changees,
Et, de plus, le pauvre garcon
Crut si bien sa maitresse morte
Qu'il ne tint en aucune sorte
A s'en faire apprendre plus long.
Bref, Patrice, a bout d'esperance,
Le corps vaincu par la souffrance,
Pleurant son reve inacheve,
Aussitot de retour en France,
S'en fut tout droit se faire abbe.
Vous me direz: "C'est mal tombe!"
Mais que voulez-vous qu'on y fusse?
Les faits sont la que rien n'efface:
C'est tantot pile et tantot face.
Ce qui m'afflige, c'est de voir
Comme ce roman tourne au noir.
Le malheur est de la partie;
On se demande, en verite,
Quelle facheuse sympathie
Put donner a chaque partie
D'une union bien assortie
Ce penchant pour la sacristie:
C'est comme une fatalite.
Mais souffrez que je continue,
Et bientot la verite nue
Jusqu'au bout vous sera connue.
IX
Voila donc nos deux etourdis
Perdus, comme on disait jadis,
Sur le chemin du Paradis.
Un jour vint qu'ils se rencontrerent,
Mais ce ne fut qu'apres longtemps!
--Donc, au bout de cinq ou six ans
Voici comme ils se retrouverent:
Tandis que Leone au couvent,
Moitie priant, moitie revant,
Pleurait comme une Madeleine,
Il arriva que son amant,
Bien qu'il fut aussi fort en peine,
Oublia tres-devotement
Et sa maitresse et son tourment.
Je ne vais pas, comme on peut croire,
Tacher d'excuser a vos yeux
Ce que peut avoir d'odieux
Une ingratitude aussi noire.
Que suis-je? un pauvre historien
Qui raconte, et n'invente rien.
Donc, si ce jeune homme est coupable,
Ma lectrice pensera bien
Que je n'en suis pas responsable,
Et que sa conduite sans nom
M'indigne autant que de raison.
Patrice etait pourtant sincere;
Si rien ne l'eut desespere,
Jamais il n'eut ete cure.
Mais enfin, qu'y pouvons-nous faire?
Son grand desespoir fut l'affaire
De six mois.
Le pauvre garcon,
C'est une justice a lui rendre,
Des qu'il fut en religion,
Sans vouloir d'abord rien entendre,
Maigrit de la belle facon.
Sans dormir du soir a l'aurore,
Sans parl
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