effort supreme,
Ses larmes et ses cris et sa folle douleur;
En vain il affectait une froide ironie;
En vain dans la debauche il consumait sa vie;
En vain, pour le tuer, il reniait son coeur:
Son coeur n'etait pas mort! Grandi par sa souffrance,
Pendant les nuits d'ivresse et de pales exces,
Sous son masque impassible il pleurait en silence.
Mais, sitot qu'il sortait de son sommeil epais,
Stello sentait en lui sa terrible morsure,
Et, plus vivace encore apres sa fletrissure,
De son ancien amour l'eternelle torture
Se reveillait alors, plus rude que jamais.
Quelquefois, cependant, sa puissante nature
Reprenait le dessus. Il redevenait lui.
Alors il se disait qu'ici-bas rien ne dure,
Et, se trouvant plus calme, il croyait a l'oubli.
Ces jours-la, fatigue de sa derniere orgie,
Las de son monde et las de sa banale vie,
Pour errer librement et rever sans temoin
Il partait a cheval et s'en allait au loin,
Marchant a l'aventure et, laissant sa pensee
Lui retracer tout bas sa jeunesse effacee,
Conduit par son murmure et berce par son chant.
Souvenirs qui vivez dans notre ame endormie,
Charme mysterieux! votre melancolie,
D'ou vient-elle? et que veut son murmure enivrant?
Par un de ces jours-la, seul, comme a l'ordinaire,
Stello longeait la mer et se laissait aller
A ce calme complet ou la nature entiere,
Sous ces ardents climats, semble se devoiler.
C'etait en plein automne. On eut dit que la terre
Eut cache, ce jour-la, le soleil dans son flanc,
Tant le ciel etait tiede et le jour caressant!
Il s'enivrait. Pour lui c'etait un nouveau monde
Que ses yeux saluaient pour la premiere fois.
Tout s'etait efface: ses reves d'autrefois,
Sa fievre, ses sanglots, sa misere profonde.
Tout, jusqu'a son amour, jusqu'a l'ivresse immonde,
Jusqu'a son nom, jusqu'a ses yeux, jusqu'a sa voix.
Son coeur etait vivant! Il sentait sa jeunesse
Se soulever en lui sous le souffle divin
Qui passait dans son ame, et, comme une ombre epaisse,
Les cendres du passe s'envoler de son sein.
Son coeur etait vivant! Il aimait la nature.
Il se bercait au chant de l'onde qui murmure
Et comprenait le monde on regardant les cieux.
Il lui semblait entendre une voix inconnue
Dont le timbre, dans l'air, chantait sa bienvenue
Et volait sur ses pas, oiseau mysterieux.
Son coeur etait vivant!
Quand il vit la campagne
Se teindr
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