n'epousait pas sans partir.
En raison de votre grand age,
Vous devez vous en souvenir.
Or, voyez si la destinee
Est malignement enchainee;
Un sourire amene des pleurs.
Cette mode qui vous etonne
Fut pour Patrice et pour Leone
La source de tous les malheurs.
A vous dire le vrai, je doute
S'ils etaient maries ou non.
Ils suivaient bien la meme route,
Mais ce n'est pas une raison.
Je n'ai vu ni monsieur le maire,
Ni le cure, ni le notaire,
Ni les voitures d'apparat,
Ni le moindre bout de contrat,
Ni tuteur, ni pere, ni mere,
Ni parents, ni gens, ni temoins,
Mais enfin j'ai vu les conjoints,
Et, pour moi, je les considere
Comme bien et dument unis,
Maries, preches et benis
Par tous les abbes de la terre.
Dans tous les cas je crois qu'on peut
Dire qu'il s'en fallait de peu,
Car, des le soir, ils s'en allerent
Et, huit jours apres, s'embarquerent,
Ce qui, pour ce temps-la, dit-on,
Etait le supreme bon ton.
S'ils voulaient aller en Turquie,
Ou dans l'ile de Borneo,
Ou simplement en Italie,
C'est ce que je ne sais pas trop.
Ce que je sais, c'est qu'un navire
Se perdit vers le lendemain,
Qu'un pecheur (pas Napolitain,
Mais c'est tout ce que j'en puis dire)
Au bord du rivage trouva,
Pale et blanche, Leonita,
Comme une madone de cire.
Elle etait sur le sable fin,
Sous le gai soleil du matin
Qui riait dans sa chevelure.
La vague l'effleurait un peu,
Comme une fille qui ne peut
Abandonner une parure.
L'eau verte et le soleil joyeux
Melaient parmi ses longs cheveux
Des reflets d'or et d'emeraude;
Et les flots qui les deroulaient
Jouaient avec et s'en allaient
Comme des enfants pris en fraude.
Un sourire presque efface,
Dernier vestige du passe,
Entr'ouvrait sa levre pudique,
Et l'aurore qui rayonnait
Sur son front palissant, formait
Un contraste melancolique.
Sachez pourtant, si vous l'aimez,
Que ses beaux yeux inanimes
N'etaient pas a jamais fermes.
Leone revint a la vie.
Le pecheur, pas Napolitain,
Qui la trouva sur son chemin,
Jugea qu'elle etait endormie.
Ce fut lui qui fut son docteur,
Et qui, chose assez inouie,
Fut en meme temps son sauveur.
Il la prit tout evanouie,
L'emporta jusqu'en son reduit,
Et, sans plus de ceremonie,
Vous la coucha droit dans son lit.
Puis il fallait voir le bonhomme,
Par la chambre allant et venant.
E
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