de terreur;
Je contemplais avec stupeur
Ton expression morne et pure,
Et cela me brisait le coeur
De voir pleurer sur ta blancheur
Les ondes de ta chevelure.
Quel est ce demon acharne,
Cette voix qui jamais ne change?
On dirait l'ombre d'un damne
Qui me poursuit et qui se venge.
Est-ce un fantome inanime?
Un spectre dont je suis aime?
Ou plutot quelque mauvais ange
Auquel je suis abandonne?
Rien ne peut lui donner le change.
Quel est-il donc, ce mal etrange
Qui ne m'a jamais pardonne?
Mais, durant ces nuits de folie,
Souffrant de ces maux inconnus,
Dans la blancheur de tes bras nus
Je cachais ma tete palie;
O vision ensevelie!
Je sens a ma melancolie
Que je ne te reverrai plus.
Adieu! le Destin nous egare:
Pourquoi partir quand tu m'aimais?
Le coup de vent qui nous separe
Va nous separer pour jamais.
Dans un mois, ou dans une annee,
Si tu songes a nos amours
Sans en avoir l'ame troublee:
Par une belle matinee,
Pense a cette heure desolee,
La derniere de nos beaux jours!
Car cette heure, a peine envolee,
Tu la regretteras toujours!
Adieu! pense au cri de detresse
Que mon coeur te jette en partant.
Adieu, ma vie et ma maitresse,
Adieu! songe a notre tendresse,
Songe a notre dernier instant!
Adieu! sois heureuse et m'oublie.
Que Dieu te guide par la main!
Et que douce te soit la vie,
Comme le soleil d'Italie
Qui nous souriait ce matin!
Oublions-nous, quoi qu'il advienne!
L'eternite qui va s'ouvrir,
Qu'elle soit paienne ou chretienne,
Passera sans nous reunir.
Dieu m'aurait du faire mourir
Lorsque ta main serrait la mienne.
Helas! j'ai peur du souvenir.
O souvenir! volupte sombre,
Source de desespoirs sans nombre,
Qu'un autre te celebre encor!
Moi je te crains! Tu n'es qu'une ombre
Et toute ombre rappelle un mort.
Tu n'es qu'un compagnon perfide
Qui nous empeche de guerir,
Souvenir! o spectre livide,
Qui n'es bon qu'a faire souffrir!
13 Juillet 1863.
LE REVE
I
Elle m'a fait une marque
Sur le front;
Les siecles y passeront.
Chaque rive ou je debarque
M'apparait
Sombre comme une foret,
Comme une foret detruite
Que le vent
Tourmente eternellement.
C'est une terre maudite,
Et mes yeux
La retrouvent en tous lieux.
II
J'entends des voix gemissantes,
Et ne vois
Que le
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