mon desir,
Je sache saisir
Lequel je prefere
De boire ou dormir.
Mont-Riant, Fevrier 1864.
LE MYOSOTIS
--A MON PERE--
Dis-moi, la connais-tu, la fleur que je prefere?
Celle qu'au bord de l'eau je cueille avec mystere
Dans le sentier perdu;
Celle qui, dans l'instant ou, reveur, je l'admire,
Tantot me fait pleurer, tantot me fait sourire,
Dis-moi, la connais-tu?
Ce n'est pas cette fleur orgueilleuse et coquette,
Le dahlia hautain qui redresse la tete,
Envieux et jaloux;
Superbe parvenu qu'un parterre vit naitre,
Et qui n'orna jamais la modeste fenetre
D'un poete humble et doux.
II
C'est le myosotis, la fleur douce et pensive,
Etoile du gazon scintillant sur la rive,
Rayon du souvenir
Par qui l'amer regret se change en esperance
Et dont l'azur promet au coeur gros de souffrance
Un celeste avenir.
Tresor des coeurs aimants, combien tu nous rappelles
De vierges comme toi pales, jeunes et belles,
Epouses du tombeau!
Tu fais revivre un nom parfume d'ambroisie,
Un nom cher a l'amour, cher a la poesie:
Hegesippe Moreau.
Pere, c'est le present que mon amour t'apprete;
De mon coeur a ton coeur il sera l'interprete
Le plus digne de foi;
Sous des cieux etrangers m'accompagnant sans cesse,
Ce talisman dira, stimulant ma tendresse:
"Enfant, rappelle-toi."
Margency, 25 Aout 1864.
COLLOQUE D'AUTOMNE
LE POETE.
Tel, dominant le cerf qui brame,
Le vent pleure dans les bouleaux:
Tel le tumulte de mon ame,
Pareil a celui de ces flots,
M'agite, et le fracas des lames
Couvre le bruit de mes sanglots.
Mer, toi dont le charme est severe
Comme severe ta splendeur,
J'aime ta beaute large et fiere
Qui se mesure a la grandeur
De ton calme au chant seducteur,
Comme a celle de ta colere.
J'aime ton orgueil de geant
Et ta puissance revoltee,
Et ton desespoir effrayant
De te voir soudain arretee:
Toi qui semblais illimitee,--
Contre qui nul frein n'est puissant.
Deferlez, vagues bondissantes!
J'aime vos clameurs menacantes;
Roulez sous le vent qui vous tord.
Votre voix, comme un bruit de mort,
Domine, a travers la tourmente,
La foudre qui gronde moins fort.
J'aime a voir vos houleuses cretes
Que l'ouragan roule et blanchit.
Ainsi l'on doit voir dans la nuit,
Surpris dans ses noctu
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