, de vieux arbres en lambeaux
Protegent les pales tombeaux
Contre le vent et la froidure;
Ce sont des ifs et des cypres.
La riviere qui passe aupres
Reflete leur sombre verdure.
La, dans un eternel sommeil,
Dort plus d'un front jeune et vermeil,
Plus d'une par la mort blemie.
Sous un pin au feuillage epais,
Dans le silence et dans la paix,
C'est la qu'est Leone endormie.
Elle dort. Le temps passera,
Et toujours elle dormira
Sous la pierre, immobile et douce,
Et de sa divine beaute,
Helas! helas! rien n'est reste
Qu'une tombe ou verdit la mousse.
Ce marbre, ou nul ne doit venir,
Gardera seul le souvenir
De cette figure angelique.
Et seul, dans les tristes echos,
Le vent bercera son repos
D'une plainte melancolique.
Ainsi fut, et non autrement,
L'heroine de ce roman,
Qui n'ont jamais qu'un seul amant.
Et depuis lors le jeune eveque,
En proie au chagrin le plus noir,
Par amour devint ... archeveque,
Et cardinal ... de desespoir.
XIV
Vous qui, d'une mignonne main,
Feuilletez ces pages legeres,
Et qui les oublirez demain,
O vous, lectrices passageres,
Dont la joue au sang de carmin
N'a point de roses mensongeres;
Si jamais vous avez pleure,
Si jamais vous avez aime,
Si jamais vous avez reve:
Parfois, dans la triste soiree,
A l'heure ou la lune eploree,
Viendra, par la vitre nacree,
Pencher sur nous son front tremblant,
Plaignez la nonne en voile blanc
Par la mort tout ensommeillee,
Qui repose au sein de l'oubli,
La-bas, parmi l'herbe mouillee,
Printemps celeste, enseveli
Sous la campagne defeuillee.
Le monde est un juge banal;
On trouve, en ouvrant un journal,
Des nouvelles du cardinal.
Mais Leone? qui parle d'elle?
C'est pourtant un rare modele
Qu'une amante a jamais fidele.
1865.
PREMIERES LARMES
J'admire ces etoiles lentes;
J'y vois meme, en revant un peu,
Comme des gouttes d'or tremblantes
D'un ton divin sur un fond bleu.
J'ecoute avec charme, o nature!
Qu'est-ce donc qu'un coeur d'amoureux?
Ce bruit de cailloux, quand murmure
La source au fond du ravin creux;
Quand la brise, sur la montagne,
Soupire en inclinant les fleurs:
Et me voila, par la campagne,
Dieu me pardonne, tout en pleurs!
Je crois meme, quelle folie!
Qu'un rossignol ou qu'un pinson
Me rend plein de melancolie.
Las! qui me rendra ma ra
|