d'onyx ou d'email aussi:
Car Gautier seul acheve ainsi
Des merveilles de ciselure.
Mais si je signe: "Votre ami,"
N'allez pas, je vous en conjure,
Me dire, en songeant a demi:
"Vous vous trompez."
Car, selon moi, si jusqu'ici
Vous avez cru qu'une parure,
(Fut-ce un camee en pierre dure,
Fut-ce un email de Rudolfi),
Vaut un ami dont on est sure,
Vous vous trompez.
Paris, Avril 1862.
ADIEU
Adieu! mon ame t'a suivie,
Pareille a la fleur endormie
Qu'en passant cueille le zephir.
Avec toi, j'ai senti partir
Encor un lambeau de ma vie.
Adieu, toi qui crois en partant
Qu'un dechirement d'un instant
N'a pas de mortelles alarmes;
Toi dont les yeux remplis de larmes
Etaient si doux en me quittant.
Adieu, toi qui dans la nuit sombre,
Sur ce lit, vide maintenant,
A travers nos baisers sans nombre
Murmurais follement dans l'ombre
Ces mots que le coeur seul entend!
Adieu, toi dont l'epaule nue
A tant de fois cache mes pleurs!
Je verrai toujours tes paleurs
Devant ma tristesse inconnue.
Tu t'en souviens, du mal sans nom
Dont tu t'effrayais sans raison,
Lorsqu'il me prenait sur ta couche;
Ces acces-la me reviendront,
Et les pleurs qu'ils me couteront
Ne s'eteindront plus sur ta bouche.
Quel est donc ce frisson subit
D'une fievre incomprehensible?
Que me veut cet etre invisible
Qui vient s'asseoir pres de mon lit?
Quelle est cette voix qui m'appelle
Et qui me fait palir d'effroi?
D'ou vient-elle? que me veut-elle?
Pourquoi cette paleur mortelle
Des que je l'entends pres de moi?
Pourquoi suis-je sous son empire?
Pourquoi sans cesse? Ah! malheureux!
C'est quand je ne veux plus maudire:
Soudain, au milieu d'un sourire,
Je sens mon coeur qui se dechire
Sous l'etreinte d'un mal affreux.
Et si, pour tromper cette fievre,
J'etreignais ton corps adore,
A peine l'avais-je effleure
Que sur ton front decolore
Je sentais se glacer ma levre.
II
Je me souviens surtout d'un soir.
J'etais d'une tristesse affreuse;
Sur l'oreiller, nue et reveuse,
Tu le soulevais pour t'asseoir:
Tout a coup, sortit du ciel noir
Comme un spectre au fond d'un miroir,
La lune blafarde et peureuse.
Je n'y puis songer sans te voir
Dans cette paleur lumineuse,
Immobile et silencieuse
Devant mon sombre desespoir.
Je voyais ta douce figure
Pale et muette
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