mi tous les beaux jeunes gens
Qui se faisaient les assiegeants
De cette belle creature,
Il en etait un qu'on nommait
Patrice, et qui se renommait
Par plus d'une etrange aventure.
C'etait un charmant cavalier,
Tres-digne d'avoir pour collier
Les plus jolis bras de la terre;
Et, comme il ne lui manquait rien,
Le ciel, qui lui voulait du bien,
Ne savait plus trop comment faire.
Dieu, par un fait sans precedents,
L'avait fait noble, en meme temps,
De coeur, de race et de visage.
Il pouvait avoir vingt-sept ans,
Et, pour attendre le printemps,
Il menait tres-grand equipage.
En somme, c'etait un dandy;
Mais, comme la chanson le dit,
Il etait franc, fier et hardi.
IV
Mes cheres lectrices, j'hesite
A continuer mon chemin;
Si vous ne me tendez la main,
Je n'irai jamais assez vite.
Jugez un peu de mon ennui:
Je veux peindre une belle nuit
Et je ne sais comment la rendre,
Car c'est un sujet bien use
Dont tant d'auteurs ont abuse
Qu'on ne sait plus comment s'y prendre.
Certes, si j'etais ecrivain,
Je ne chercherais pas en vain;
La chose serait bientot faite.
Je prendrais le premier poete
Qui me tomberait sous la main
Et je vous parlerais des voiles
De la nuit, et puis des etoiles,
Et puis du lac aux flots d'argent
Ou se mire Phebe la blonde
Qui se penche vers l'eau profonde,
Et puis des bois, et puis du vent;
Du rossignol dans la vallee,
De la vieille tour isolee,
Des etoiles d'or ou de feu,
De l'herbe verte, du ciel bleu,
Des bouleaux que la lune argente
Et surtout, chose tres-urgente!
Du poete a la Lyre d'or,
Ame dans l'ideal ravie,
Pleurant devant ce beau decor....
Qu'il n'a jamais vu de sa vie.
Car c'est un fait bien constate
Que trois mille auteurs ont chante
Juste la meme nuit d'ete
Sans qu'elle ait jamais existe.
Aussi, quel morceau bien traite!
Dans le monde des elegies
L'hiver est beaucoup moins gate;
Epoque fraiche ou les genies,
Pour reparer leurs insomnies,
Ne perdent pas a rimailler
Le temps qu'on doit a l'oreiller.
Et le fait est, mesdemoiselles,
Que dans notre calendrier
Les nuits ne sont pas toujours belles
Aux alentours de fevrier.
C'est pourquoi je suis fort a plaindre,
Car la nuit qu'il me faut depeindre
Se trouve au plein coeur de janvier.
Figurez-vous donc la nuit brune,
Un vent tres-sec, un ciel tres-noir,
Dan
|