crivait ces belles lignes. Il veut
sans doute en prouver la sincerite en publiant aujourd'hui ce
Glossaire, oeuvre unique chez nous. On ne peut que l'en
feliciter, car il a voulu contribuer a polir un "diamant" dont
le prix est, dans toute l'acception du mot, "inestimable."
LOUIS-H. FRECHETTE.
Montreal, 1er decembre 1880.
[Footnote 1: _Pourquoi nous sommes Francais_, par OSCAR DUNN. Montreal,
1870.]
PREFACE
Il est bien etonnant que dans un pays, non pas seulement separe, mais
oublie de la France depuis plus d'un siecle, la langue francaise soit
restee la langue du peuple; il serait plus etonnant encore que, dans
notre isolement, et subissant le contact journalier de la population
anglaise, nous eussions echappe au barbarisme. Au Canada, l'industrie,
le commerce, les metiers sont, en grande partie du moins, diriges par
des hommes qui ne connaissent pas le francais; et pourtant, il faut se
comprendre de negociants a commis, de patrons a ouvriers. Etant donnees
ces conditions sociales, on peut admettre _a priori_ que le francais
canadien est entache d'anglicisme. Mais entendons-nous sur ce point.
Plusieurs ecrivains ont parle du _patois_ canadien. Or, il n'y a pas de
patois chez nous; nous parlons le _francais_, et nous le parlons mieux,
aux intonations pres, que Paris, qui a son argot, mieux que la province,
qui a ses patois. Ce qui nous manque, c'est l'articulation,
l'accentuation nette, la conduite de la voix, la maniere de dire, qui
donnent a la langue francaise ce charme qui nous eblouit quand elle est
parlee par un "francais de France." On dirait que nous avons peur d'etre
expressifs, et voila la plus deplorable _anglicisation_ que nous ayons
subie. Quant a nos anglicismes veritables, on en exagere le nombre; on
met au compte de l'anglais bien des mots, bien des locutions qui nous
sont venus directement de Bretagne et de Normandie, ou qui appartiennent
au vieux langage. Citons comme exemple le mot _Acertainer_. Il appelle
le sourire sur nos levres, nous le prenons pour une francisation de
l'anglais _To ascertain_; mais, de fait, c'est le contraire qui est la
verite. Francois Ier, dans une lettre au parlement de Paris, datee du 9
avril 1526, disait: "Et parce que nous sommes duement _acertenes_ que,
etc." Le mot, du reste, est encore usite en Normandie.
Entendons-nous aussi sur un autre {point}. Lorsque je dis que nous
parlons mieux que Paris, je veux parler du _peuple_ au Cana
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