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d'en venir aux mains, quelques individus s'ecrierent qu'il etait affreux
a de bons citoyens de s'egorger les uns les autres, qu'il fallait au
moins s'expliquer et essayer de s'entendre. On sortit des rangs, on
exposa ses griefs. Des membres des comites, qui etaient presens,
s'introduisirent dans les bataillons des sections ennemies, leur
parlerent; et voyant qu'on pouvait obtenir beaucoup par les moyens de
conciliation, ils firent demander a l'assemblee douze de ses membres,
pour venir fraterniser. L'assemblee, qui voyait une espece de faiblesse
dans cette demarche, etait peu disposee a y consentir; cependant on lui
dit que ses comites la croyaient utile pour empecher l'effusion du sang.
Les douze membres furent envoyes et se presenterent aux trois sections.
Bientot on rompit les rangs de part et d'autre; on se mela. L'homme peu
cultive et d'une classe inferieure est toujours sensible aux
demonstrations amicales de l'homme que son costume, son langage, ses
manieres, placent au-dessus de lui. Les soldats des trois bataillons
ennemis furent touches, et declarerent qu'ils ne voulaient ni verser le
sang de leurs concitoyens, ni manquer aux egards dus a la convention
nationale. Cependant les meneurs insisterent pour faire entendre leur
petition. Le general Dubois, commandant la cavalerie des sections, et
les douze representans envoyes pour fraterniser, consentirent a
introduire a la barre une deputation des trois bataillons.
Ils la presenterent en effet, et demanderent la parole pour les
petitionnaires. Quelques deputes voulaient la leur refuser; on la leur
accorda cependant. "Nous sommes charges de vous demander, dit l'orateur
de la troupe, la constitution de 93 et la liberte des patriotes." A ces
mots, les tribunes se mirent a huer, et a crier: a bas les jacobins! Le
president imposa silence aux interrupteurs. L'orateur continua, et dit
que les citoyens reunis devant la convention etaient prets a se retirer
dans le sein de leurs familles, mais qu'ils mourraient plutot que
d'abandonner leur poste, si les reclamations du peuple n'etaient pas
ecoutees. Le president repondit avec fermete aux petitionnaires, que la
convention venait de rendre un decret sur les subsistances, et qu'il
allait le leur lire. Il le lut en effet; il ajouta ensuite qu'elle
examinerait leurs propositions, et jugerait dans sa sagesse ce qu'elle
devait decider. Il les invita ensuite aux honneurs de la seance.
Pendant ce temps, les trois sections e
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