ne savait ou s'appuyer, ou se retirer, et,
quoique brave, paraissait, dans cette circonstance, avoir perdu la
presence d'esprit necessaire. Puisaye, arrive aupres de Sombreuil, lui
indique une position. Sombreuil lui demande s'il a envoye a l'escadre
pour la faire approcher; Puisaye repond qu'il a envoye un pilote habile
et devoue; mais le temps est mauvais, le pilote n'arrive pas assez vite
au gre des malheureux menaces d'etre jetes a la mer. Les colonnes
republicaines approchent; Sombreuil insiste de nouveau. "L'escadre
est-elle avertie?" demande-t-il a Puisaye. Ce dernier accepte alors la
commission de voler a bord pour faire approcher le commodore, commission
qu'il convenait mieux de donner a un autre, car il devait etre le
dernier a se tirer du peril. Une raison le decida, la necessite
d'enlever sa correspondance, qui aurait compromis toute la Bretagne si
elle etait tombee dans les mains des republicains. Il etait sans doute
aussi pressant de la sauver que de sauver l'armee elle-meme; mais
Puisaye pouvait la faire porter a bord sans y aller lui-meme. Il part,
et arrive au bord du commodore en meme temps que le pilote qu'il avait
envoye. L'eloignement, l'obscurite, le mauvais temps, avaient empeche
qu'on put, de l'escadre, apercevoir le desastre. Le brave amiral Waren,
qui pendant l'expedition avait seconde les emigres de tous ses moyens,
fait force de voiles, arrive enfin avec ses vaisseaux a la portee du
canon, a l'instant ou Hoche, a la tete de sept cents grenadiers,
pressait la legion de Sombreuil, et allait lui faire perdre terre. Quel
spectacle presentait en cet instant cette cote malheureuse! La mer
agitee permettait a peine aux embarcations d'approcher du rivage; une
multitude de chouans, de soldats fugitifs, entraient dans l'eau jusqu'a
la hauteur du cou pour joindre les embarcations, et se noyaient pour y
arriver plus tot; un millier de malheureux emigres, places entre la mer
et les baionnettes des republicains, etaient reduits a se jeter ou dans
les flots ou sur le fer ennemi, et souffraient autant du feu de
l'escadre anglaise que les republicains eux-memes. Quelques embarcations
etaient arrivees, mais sur un autre point. De ce cote, il n'y avait
qu'une goelette qui faisait un feu epouvantable, et qui suspendit un
instant la marche des republicains. Quelques grenadiers crierent,
dit-on, aux emigres: "Rendez-vous, on ne vous fera rien." Ce mot courut
de rangs en rangs. Sombreuil voulut s'approcher pour parl
|