villy la nia, en disant que le commandement des troupes regulieres
lui appartenait, qu'il repondait de leur salut au gouvernement anglais,
et qu'il ne devait pas les compromettre. Puisaye lui representa qu'il
n'avait ce commandement que pendant la traversee, mais qu'arrive sur le
sol de la Bretagne, lui, Puisaye, etait le chef supreme, et le maitre
des operations. Il envoya sur-le-champ un cotre a Londres, pour faire
expliquer les pouvoirs; et, en attendant, il conjura d'Hervilly de ne
pas faire manquer l'entreprise par des divisions funestes. D'Hervilly
etait brave et plein de bonne foi, mais il etait peu propre a la guerre
civile, et il avait une repugnance prononcee pour ces insurges
deguenilles. Tous les emigres, du reste, pensaient avec lui qu'ils
n'etaient pas faits pour _chouanner_; que Puisaye les compromettait en
les amenant en Bretagne; que c'etait en Vendee qu'il aurait fallu
descendre, et que la ils auraient trouve l'illustre Charette, et sans
doute d'autres soldats.
Plusieurs jours s'etaient perdus en demeles de ce genre. On distribua
les chouans en trois corps, pour leur faire prendre des positions
avancees, de maniere a occuper les routes de Lorient a Hennebon et a
Aurai. Tinteniac, avec un corps de deux mille cinq cents chouans, fut
place a gauche a Landevant; Dubois-Berthelot, a droite vers Aurai, avec
une force a peu pres egale. Le comte de Vauban, l'un des quarante
gentilshommes volontaires qui avaient suivi Puisaye, et l'un de ceux que
leur reputation, leur merite, placaient au premier rang, fut charge
d'occuper une position centrale a Mendon, avec quatre mille chouans, de
maniere a pouvoir secourir Tinteniac ou Dubois-Berthelot. Il avait le
commandement de toute cette ligne, defendue par neuf a dix mille hommes,
et avancee a quatre ou cinq lieues dans l'interieur. Les chouans, qui se
virent places la, demanderent aussitot pourquoi on ne mettait pas des
troupes de ligne avec eux; ils comptaient beaucoup plus sur ces troupes
que sur eux-memes; ils etaient venus pour se ranger autour d'elles, les
suivre, les appuyer, mais ils comptaient qu'elles s'avanceraient les
premieres pour recevoir le redoutable choc des republicains. Vauban
demanda seulement quatre cents hommes, soit pour resister, en cas de
besoin, a une premiere attaque, soit pour rassurer ses chouans, leur
donner l'exemple, et leur prouver qu'on ne voulait pas les exposer
seuls. D'Hervilly refusa d'abord, puis fit attendre, et enfin envoya ce
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