al armes, mal
vetus, n'allant point en rang, et ressemblant plutot a des pillards qu'a
des soldats. A ces chouans s'etaient reunis les paysans du voisinage,
criant _vive le roi!_ et apportant des oeufs, des volailles, des vivres
de toute espece, a cette armee liberatrice qui venait leur rendre leur
prince et leur religion. Puisaye, plein de joie a cet aspect, comptait
deja que toute la Bretagne allait s'insurger. Les emigres qui
l'accompagnaient eprouvaient d'autres impressions. Ayant vecu dans les
cours, ou servi dans les plus belles armees de l'Europe, ils voyaient
avec degout, et avec peu de confiance, les soldats qu'on allait leur
donner a commander. Deja les railleries, les plaintes commencaient a
circuler. On apporta des caisses de fusils et d'habits; les chouans
fondirent dessus; des sergens du regiment d'Hervilly voulurent retablir
l'ordre; une rixe s'engagea, et, sans Puisaye, elle aurait pu avoir des
suites funestes. Ces premieres circonstances etaient peu propres a
etablir la confiance entre les insurges et les troupes regulieres, qui,
venant d'Angleterre et appartenant a cette puissance, etaient a ce titre
un peu suspectes aux chouans. Cependant on arma les bandes qui
arrivaient, et dont le nombre s'eleva a dix mille hommes en deux jours.
On leur livra des habits rouges et des fusils, et Puisaye voulut ensuite
leur donner des chefs. Il manquait d'officiers, car les quarante
gentilshommes volontaires qui l'avaient suivi etaient fort insuffisans;
il n'avait pas encore les cadres a sa disposition, car, suivant le plan
convenu, ils croisaient encore devant Saint-Malo; il voulait donc
prendre quelques officiers dans les regimens, ou ils etaient en grand
nombre, les distribuer parmi les chouans, marcher ensuite rapidement sur
Vannes et sur Rennes, ne pas donner le temps aux republicains de se
reconnaitre, soulever toute la contree, et venir prendre position
derriere l'importante ligne de Mayenne. La, maitre de quarante lieues de
pays, ayant souleve toute la population, Puisaye pensait qu'il serait
temps d'organiser les troupes irregulieres. D'Hervilly, brave, mais
vetilleux, methodiste, et meprisant ces chouans irreguliers, refusa ces
officiers. Au lieu de les donner aux chouans, il voulait choisir parmi
ceux-ci des hommes pour completer les regimens, et puis, s'avancer en
faisant des reconnaissances et en choisissant des positions. Ce n'etait
pas la le plan de Puisaye. Il essaya de se servir de son autorite;
d'Her
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