plus de cinq a six mille hommes dans le moment. D'Hervilly
consentit a ce plan. Dans cet instant, Vauban, qui sentait sa position
tres hasardee, ayant perdu celle qu'il occupait d'abord, demandait des
ordres et des secours. D'Hervilly lui envoya un ordre redige de la
maniere la plus pedantesque, dans lequel il lui enjoignait de se replier
sur Carnac, et lui prescrivait des mouvemens tels qu'on n'aurait pu les
faire executer par les troupes les plus manoeuvrieres de l'Europe.
Le 5 juillet (17 messidor), Puisaye sortit de la presqu'ile pour passer
une revue des chouans, et d'Hervilly en sortit aussi avec son regiment,
pour se preparer a executer le projet, forme la veille, de marcher en
avant. Puisaye ne trouva que la tristesse, le decouragement et l'humeur
chez ces hommes qui, quelques jours auparavant, etaient pleins
d'enthousiasme. Ils disaient qu'on voulait les exposer seuls, et les
sacrifier aux troupes de ligne. Puisaye les apaisa le mieux qu'il put,
et tacha de leur rendre quelque courage. D'Hervilly, de son cote, en
voyant ces soldats vetus de rouge, et qui portaient si maladroitement
l'uniforme et le fusil a baionnette, dit qu'il n'y avait rien a faire
avec de pareilles troupes, et fit rentrer son regiment. Puisaye le
rencontra dans cet instant, et lui demanda si c'etait ainsi qu'il
executait le plan convenu. D'Hervilly repondit que jamais il ne se
hasarderait a marcher avec de pareils soldats; qu'il n'y avait plus qu'a
se rembarquer ou a s'enfermer dans la presqu'ile, pour y attendre de
nouveaux ordres de Londres; ce qui, dans sa pensee, signifiait l'ordre
de descendre en Vendee.
Le lendemain, 6 juillet (18 messidor), Vauban fut secretement averti
qu'il serait attaque sur toute sa ligne par les republicains. Il se
voyait dans une situation des plus dangereuses. Sa gauche s'appuyait a
un poste dit de Sainte-Barbe, qui communiquait avec la presqu'ile; mais
son centre et sa droite longeaient la cote de Carnac, et n'avaient que
la mer pour retraite. Ainsi, s'il etait vivement attaque, sa droite et
son centre pouvaient etre jetes a la mer; sa gauche seule se sauvait par
Sainte-Barbe a Quiberon. Ses chouans, decourages, etaient incapables de
tenir; il n'avait donc d'autre parti a prendre que de replier son centre
et sa droite sur sa gauche, et de filer par la Falaise dans la
presqu'ile. Mais il s'enfermait alors dans cette langue de terre sans
pouvoir en sortir; car le poste de Sainte-Barbe, qu'on abandonnait, sans
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