Alexandre, le Formidable_ et _le Tigre_, et, sans
pouvoir regagner Brest, fut oblige de se jeter dans Lorient.
L'expedition ayant ainsi signale son debut par une victoire navale, fit
voile vers la baie de Quiberon. Une division de l'escadre alla sommer
la garnison de Belle-Isle, au nom du roi de France; mais elle ne recut
du general Boucret qu'une reponse energique et des coups de canon. Le
convoi vint mouiller dans la baie meme de Quiberon, le 7 messidor (25
juin). Puisaye, d'apres les renseignemens qu'il s'etait procures, savait
qu'il y avait peu de troupes sur la cote; il voulait, dans son ardeur,
descendre sur-le-champ a terre. Le comte d'Hervilly, qui etait brave,
capable de bien discipliner un regiment, mais incapable de bien diriger
une operation, et surtout fort chatouilleux en fait d'autorite et de
devoir, dit qu'il commandait les troupes, qu'il repondait de leur salut
au gouvernement anglais, et qu'il ne les hasarderait pas sur une cote
ennemie et inconnue, avant d'avoir fait une reconnaissance. Il perdit un
jour entier a promener une lunette sur la cote; et, quoiqu'il n'eut pas
apercu un soldat, il refusa cependant de mettre les troupes a terre.
Puisaye et le commodore Waren ayant decide la descente, d'Hervilly y
consentit enfin, et, le 9 messidor (27 juin), ces Francais imprudens et
aveugles descendirent pleins de joie sur cette terre ou ils apportaient
la guerre civile, et ou ils devaient trouver un si triste sort.
La baie dans laquelle ils avaient aborde est formee, d'un cote, par le
rivage de la Bretagne, de l'autre par une presqu'ile, large de pres
d'une lieue, et longue de deux: c'est la fameuse presqu'ile de Quiberon.
Elle se joint a la terre par une langue de sable etroite, longue d'une
lieue, et nommee la Falaise. Le fort Penthievre, place entre la
presqu'ile et la Falaise, defend l'approche du cote de la terre. Il y
avait dans ce fort sept cents hommes de garnison. La baie, formee par
cette presqu'ile et la cote, offre aux vaisseaux l'une des rades les
plus sures et les mieux abritees du continent.
L'expedition avait debarque dans le fond de la baie, au village de
Carnac. A l'instant ou elle arrivait, divers chefs, Dubois-Berthelot,
d'Allegre, George Cadoudal, Mercier, avertis par Tinteniac, accoururent
avec leurs troupes, disperserent quelques detachemens qui gardaient la
cote, les replierent dans l'interieur, et se rendirent au rivage. Ils
amenaient quatre ou cinq mille hommes aguerris, mais m
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