ont pretes a s'enfuir. Mais dans ce moment
Menage arrive au sommet du fort; les soldats complices des assaillans
accourent sur les creneaux, presentent la crosse de leurs fusils aux
republicains, et les introduisent. Tous ensemble fondent alors sur le
reste de la garnison, egorgent ceux qui resistent, et arborent aussitot
le pavillon tricolore. Hoche, au milieu du desordre que les batteries
ennemies ont jete dans ses colonnes, ne s'ebranle pas un instant; il
court a chaque chef, le ramene a son poste, fait rentrer chacun a son
rang, et rallie son armee sous cette epouvantable pluie de feu.
L'obscurite commencant a devenir moins epaisse, il apercoit le pavillon
republicain sur le sommet du fort: "Quoi? dit-il a ses soldats, vous
reculerez lorsque deja vos camarades ont place leur drapeau sur les murs
ennemis!" Il les entraine sur les ouvrages avances ou campaient une
partie des chouans; on y penetre de toutes parts, et on se rend enfin
maitre du fort.
Dans ce moment, Vauban, Puisaye, eveilles par le feu, accouraient au
lieu du desastre; mais il n'etait plus temps. Ils voient fuir pele-mele
les chouans, les officiers abandonnes par leurs soldats, et les restes
de la garnison demeures fideles. Hoche ne s'arrete pas a la prise du
fort; il rallie une partie de ses colonnes, et s'avance dans la
presqu'ile avant que l'armee d'expedition puisse se rembarquer. Puisaye,
Vauban, tous les chefs, se retirent vers l'interieur, ou restaient
encore le regiment d'Hervilly, les debris des regimens de du Dresnay, de
Royal-Marine, de Loyal-Emigrant, et la legion de Sombreuil, debarquee
depuis deux jours, et forte de onze cents hommes. En prenant une bonne
position, et il y en avait plus d'une dans la presqu'ile, en l'occupant
avec les trois mille hommes de troupes reglees qu'on avait encore, on
pouvait donner a l'escadre le temps de recueillir les malheureux
emigres. Le feu des chaloupes canonnieres aurait protege l'embarquement;
mais le desordre regnait dans les esprits; les chouans se precipitaient
dans la mer avec leurs familles, pour entrer dans quelques bateaux de
pecheurs qui etaient sur la rive, et gagner l'escadre que le mauvais
temps tenait fort eloignee. Les troupes, eparpillees dans la presqu'ile,
couraient ca et la, ne sachant ou se rallier. D'Hervilly, capable de
defendre vigoureusement une position, et connaissant tres bien les
lieux, etait mortellement blesse; Sombreuil, qui lui avait succede, ne
connaissait pas le terrain,
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