ne, faire le circuit de ce rocher; on trouvait ensuite un sentier
qui conduisait au sommet du fort. Les transfuges avaient assure, au nom
de leurs camarades composant la garnison, qu'ils aideraient a en ouvrir
les portes.
Hoche n'hesita pas malgre le danger d'une pareille tentative. Il forma
son plan d'apres les indications qu'il avait obtenues, et resolut de
s'emparer de la presqu'ile, pour enlever toute l'expedition avant
qu'elle eut le temps de remonter sur ses vaisseaux. Le 20 juillet au
soir (2 thermidor), le ciel etait sombre; Puisaye et Vauban avaient
ordonne des patrouilles pour se garantir d'une attaque nocturne. "Avec
un temps pareil, dirent-ils aux officiers, faites-vous tirer des coups
de fusil par les sentinelles ennemies." Tout leur paraissant tranquille,
ils allerent se coucher en pleine securite.
Les preparatifs etaient faits dans le camp republicain. A peu pres vers
minuit, Hoche s'ebranle avec son armee. Le ciel etait charge de nuages;
un vent tres-violent soulevait les vagues et couvrait de sourds
mugissemens le bruit des armes et des soldats. Hoche dispose ses troupes
en colonnes sur la Falaise; il donne ensuite trois cents grenadiers a
l'adjudant-general Menage, jeune republicain d'un courage heroique. Il
lui ordonne de filer a sa droite, d'entrer dans l'eau avec ses
grenadiers, de tourner le rocher sur lequel s'appuient les murs, de
gravir le sentier, et de tacher de s'introduire ainsi dans le fort. Ces
dispositions faites, on marche dans le plus grand silence; des
patrouilles auxquelles on avait donne des uniformes rouges enleves sur
les morts dans la journee du 16, et ayant le mot d'ordre, trompent les
sentinelles avancees. On approche sans etre reconnu. Menage entre dans
la mer avec ses trois cents grenadiers; le bruit du vent couvre celui
qu'ils font en agitant les eaux. Quelques-uns tombent et se relevent,
d'autres sont engloutis dans les abimes. Enfin, de rochers en rochers,
ils arrivent a la suite de leur intrepide chef, et parviennent a gravir
le sentier qui conduit au fort. Pendant ce temps, Hoche est arrive
jusque sous les murs avec ses colonnes. Mais tout a coup les sentinelles
reconnaissent une des fausses patrouilles; elles apercoivent dans
l'obscurite une ombre longue et mouvante; sur-le-champ elles font feu;
l'alarme est donnee. Les canonniers toulonnais accourent a leurs pieces,
et font pleuvoir la mitraille sur les troupes de Hoche; le desordre s'y
met, elles se confondent, et s
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