publique ou le prince avec
lequel il traitait. Fauche-Borel retourna aupres de ceux qui
l'envoyaient; mais on le renvoya de nouveau pour qu'il insistat sur les
memes propositions; il alla et revint ainsi plusieurs fois, sans pouvoir
terminer le differend, qui consistait toujours en ce que le prince
voulait obtenir Huningue, et Pichegru le passage du Rhin. Ni l'un ni
l'autre ne voulait faire l'avance d'un si grand avantage. Le motif qui
empechait surtout le prince de consentir a ce qu'on lui demandait,
c'etait la necessite de recourir aux Autrichiens pour obtenir
l'autorisation de livrer le passage; il desirait agir sans leur
concours, et avoir a lui seul l'honneur de la contre-revolution.
Cependant il parait qu'il fut oblige d'en referer au conseil aulique; et
dans cet intervalle, Pichegru, surveille par les representans, fut
oblige de suspendre ses correspondances et sa trahison.
Pendant que ceci se passait a l'armee, les agens de l'interieur,
Lemaitre, Brottier, Despomelles, Laville-Heurnois, Duverne de Presle et
autres, continuaient leurs intrigues. Le jeune prince, fils de Louis
XVI, etait mort d'une tumeur au genou, provenant d'un vice scrofuleux.
Les agens royalistes avaient dit qu'il etait mort empoisonne, et
s'etaient empresses de rechercher les ouvrages sur le ceremonial du
sacre, pour les envoyer a Verone. Le regent etait devenu roi pour eux,
et s'appelait Louis XVIII. Le comte d'Artois etait devenu Monsieur.
La pacification n'avait ete qu'apparente dans les pays insurges. Les
habitans, qui commencaient a jouir d'un peu de repos et de securite,
etaient, il est vrai, disposes a demeurer en paix, mais les chefs et les
hommes aguerris qui les entouraient n'attendaient que l'occasion de
reprendre les armes. Charette, ayant a sa disposition ces gardes
territoriales ou s'etaient reunis tous ceux qui avaient le gout decide
de la guerre, ne songeait, sous pretexte de faire la police du pays,
qu'a preparer un noyau d'armee pour rentrer en campagne. Il ne quittait
plus son camp de Belleville, et y recevait continuellement les envoyes
royalistes. L'agence de Paris lui avait fait parvenir une lettre de
Verone, en reponse a la lettre ou il cherchait a excuser la
pacification. Le pretendant le dispensait d'excuses, lui continuait sa
confiance et sa faveur, le nommait lieutenant-general, et lui annoncait
les prochains secours de l'Espagne. Les agens de Paris, encherissant sur
les expressions du prince, flattaient l'ambiti
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