irigeant sur la Falaise un feu violent,
arretent les republicains et sauvent encore une fois la malheureuse
armee de Quiberon.
Ainsi Tinteniac n'avait pas paru; Vauban, debarque trop tard, n'avait pu
surprendre les republicains, avait ete ensuite mal seconde par ses
chouans, qui trempaient leurs fusils dans l'eau pour ne pas se battre,
et s'etait replie pres du fort; sa seconde fusee, lancee en plein jour,
n'avait pas ete apercue; et c'est ainsi que Puisaye, trompe dans toutes
ses combinaisons, venait d'essuyer cette desastreuse defaite. Tous les
regimens avaient fait d'affreuses pertes: celui de Royal-Marine, sur
soixante-douze officiers, en avait perdu cinquante-trois; les autres
avaient fait des pertes a proportion.
Il faut convenir que Puisaye avait mis beaucoup de precipitation a
attaquer le camp. Quatre mille hommes allant en attaquer dix mille
solidement retranches, devaient s'assurer, d'une maniere certaine, que
toutes les attaques preparees sur les derrieres et sur les flancs
etaient pretes a s'effectuer. Il ne suffisait pas d'un rendez-vous donne
a des corps qui avaient tant d'obstacles a vaincre, pour croire qu'ils
seraient arrives au point et a l'heure indiques; il fallait convenir
d'un signal, d'un moyen quelconque de s'assurer de l'execution du plan.
En cela, Puisaye, quoique trompe par le bruit d'une mousqueterie
lointaine, n'avait pas agi avec assez de precaution. Du reste, il avait
paye de sa personne, et suffisamment repondu a ceux qui affectaient de
suspecter sa bravoure parce qu'ils ne pouvaient pas nier son esprit.
Il est facile de comprendre pourquoi Tinteniac n'avait point paru. Il
avait trouve a Elven l'ordre de se rendre a Coetlogon; il avait cede a
cet ordre etrange, dans l'espoir de regagner le temps perdu par une
marche force. A Coetlogon, il avait trouve des femmes chargees de lui
transmettre l'ordre de marcher sur Saint-Brieuc. C'etaient les agens
opposes a Puisaye, qui, usant du nom du roi, au nom duquel ils parlaient
toujours, voulaient faire concourir les corps detaches par Puisaye a la
contre-expedition qu'ils meditaient sur Saint-Malo ou sur Saint-Brieuc.
Tandis que l'on conferait sur cet ordre, le chateau de Coetlogon etait
attaque par les detachemens que Hoche avait lances a la poursuite de
Tinteniac; celui-ci etait accouru, et etait tombe mort, frappe d'une
balle au front. Son successeur au commandement avait consenti a marcher
sur Saint-Brieuc. De leur cote, MM. de Lantivy et
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