detachement.
On etait debarque depuis cinq jours, et on ne s'etait avance qu'a trois
ou quatre lieues dans les terres. Puisaye etait fort mecontent;
cependant il devorait ces contrarietes, esperant vaincre les lenteurs et
les obstacles que lui opposaient ses compagnons d'armes. Pensant qu'a
tout evenement il fallait s'assurer un point d'appui, il proposa a
d'Hervilly de s'emparer de la presqu'ile, en surprenant le fort
Penthievre. Une fois maitres de ce fort, qui fermait la presqu'ile du
cote de la terre, appuyes des deux cotes par les escadres anglaises, ils
avaient une position inexpugnable; et cette presqu'ile, large d'une
lieue, longue de deux, devenait alors un pied a terre aussi sur et plus
commode que celui de Saint-Malo, Brest ou Lorient. Les Anglais
pourraient y deposer tout ce qu'ils avaient promis en hommes et en
munitions. Cette mesure de surete etait de nature a plaire a d'Hervilly;
il y consentit, mais il voulait une attaque reguliere sur le fort
Penthievre. Puisaye ne l'ecouta pas, et projeta une attaque de vive
force; le commodore Waren, plein de zele, offrit de la seconder de tous
les feux de son escadre. On commenca a canonner, le 1er juillet (13
messidor), et on fixa l'attaque decisive pour le 3 (15 messidor).
Pendant qu'on en faisait les preparatifs, Puisaye envoya des emissaires
par toute la Bretagne, afin d'aller reveiller Scepeaux, Charette,
Stofflet, et tous les chefs des provinces insurgees.
La nouvelle du debarquement s'etait repandue avec une singuliere
rapidite; elle parcourut en deux jours toute la Bretagne, et en quelques
jours toute la France. Les royalistes pleins de joie, les
revolutionnaires de courroux, croyaient voir deja les emigres a Paris.
La convention envoya sur-le-champ deux commissaires extraordinaires
aupres de Hoche; elle fit choix de Blad et de Tallien. La presence de ce
dernier sur le point menace devait prouver que les thermidoriens etaient
aussi opposes au royalisme qu'a la terreur. Hoche, plein de calme et
d'energie, ecrivit sur-le-champ au comite de salut public, pour le
rassurer. "Du calme, lui dit-il, de l'activite, des vivres dont nous
manquons, et les douze mille hommes que vous m'avez promis depuis si
long-temps." Aussitot il donna des ordres a son chef d'etat-major; il
fit placer le general Chabot entre Brest et Lorient, avec un corps de
quatre mille hommes, pour voler au secours de celui de ces deux ports
qui serait menace: "Veillez surtout, lui dit-il, veil
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