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lez sur Brest; au
besoin, enfermez-vous dans la place, et defendez-vous jusqu'a la mort."
Il ecrivit a Aubert-Dubayet, qui commandait les cotes de Cherbourg, de
faire filer des troupes sur le nord de la Bretagne, afin de garder
Saint-Malo et la cote. Pour garantir le midi, il pria Canclaux, qui
veillait toujours sur Charette et Stofflet, de lui envoyer par Nantes et
Vannes le general Lemoine avec des secours. Il fit ensuite rassembler
toutes ses troupes sur Rennes, Ploermel et Vannes, et les echelonna sur
ces trois points pour garder ses derrieres. Enfin il s'avanca lui-meme
sur Aurai avec tout ce qu'il put reunir sous sa main. Le 14 messidor (2
juillet), il etait deja de sa personne a Aurai, avec trois a quatre
mille hommes.
La Bretagne etait ainsi enveloppee tout entiere. Ici devaient se
dissiper les illusions que la premiere insurrection de la Vendee avait
fait naitre. Parce qu'en 93 les paysans de la Vendee, ne rencontrant
devant eux que des gardes nationales composees de bourgeois qui ne
savaient pas manier un fusil, avaient pu s'emparer de tout le Poitou et
de l'Anjou, et former ensuite dans leurs ravins et leurs bruyeres un
etablissement difficile a detruire, on s'imagina que la Bretagne se
souleverait au premier signal de l'Angleterre. Mais les Bretons etaient
loin d'avoir l'ardeur des premiers Vendeens; quelques bandits
seulement, sous le nom de chouans, etaient fortement resolus a la
guerre, ou, pour mieux dire, au pillage; et de plus, un jeune capitaine,
dont la vivacite egalait le genie, disposant de troupes aguerries,
contenait toute une population d'une main ferme et assuree. La Bretagne
pouvait-elle se soulever au milieu de pareilles circonstances, a moins
que l'armee qui venait la soutenir ne s'avancat rapidement, au lieu de
tatonner sur le rivage de l'Ocean?
Ce n'etait pas tout: une partie des chouans qui etaient sous l'influence
des agens royalistes de Paris, attendaient pour se reunir a Puisaye
qu'un prince parut avec lui. Le cri de ces agens et de tous ceux qui
partageaient leurs intrigues fut que l'expedition etait insuffisante et
fallacieuse, et que l'Angleterre venait en Bretagne repeter les
evenemens de Toulon. On ne disait plus qu'elle voulait donner la
couronne au comte d'Artois, puisqu'il n'y etait pas, mais au duc d'York;
on ecrivit qu'il ne fallait pas seconder l'expedition, mais l'obliger a
se rembarquer pour aller descendre aupres de Charette. Celui-ci ne
demandait pas mieux. Il repond
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