emaitre et Brothier, par leurs intrigues,
contribuaient encore de toutes leurs forces a contrarier l'expedition.
Ils avaient ecrit sur-le-champ en Bretagne pour la desapprouver.
L'expedition, suivant eux, avait un but dangereux, puisque le prince n'y
etait pas, et personne ne devait la seconder. En consequence, des agens
s'etaient repandus, et avaient signifie l'ordre, au nom du roi, de ne
faire aucun mouvement; ils avaient averti Charette de persister dans son
inaction. D'apres leur ancien systeme de profiter des secours de
l'Angleterre et de la tromper, ils avaient improvise sur les lieux
memes un plan. Meles dans l'intrigue qui devait livrer Saint-Malo a
Puisaye, ils voulaient appeler dans cette place les cadres emigres qui
croisaient sur la flotte anglaise, et prendre possession du port, au nom
de Louis XVIII, tandis que Puisaye agissait a Quiberon, peut-etre,
disaient-ils, pour le duc d'York. L'intrigue de Saint-Malo ayant manque,
ils se replierent sur Saint-Brieuc, retinrent devant cette cote
l'escadre qui portait les cadres emigres, et envoyerent sur-le-champ des
emissaires a Tinteniac et a Lantivy, qu'ils savaient debarques, pour
leur enjoindre de se porter sur Saint-Brieuc. Leur but etait ainsi de
former dans le nord de la Bretagne une contre-expedition, plus sure,
suivant eux, que celle de Puisaye dans le midi.
Tinteniac avait debarque heureusement, et apres avoir enleve plusieurs
postes republicains, etait arrive a Elven. La il trouva l'injonction, au
nom du roi, de se rendre a Coetlogon, afin d'y recevoir de nouveaux
ordres. Il objecta en vain la commission de Puisaye, la necessite de ne
pas faire manquer son plan, en s'eloignant du lieu marque. Cependant il
ceda, esperant, au moyen d'une marche forcee, se retrouver sur les
derrieres de Sainte-Barbe le 16. Jean-Jean et Lantivy, debarques aussi
heureusement, se disposaient a marcher vers Baud, lorsqu'ils trouverent
de leur cote l'ordre de marcher sur Saint-Brieuc.
Dans cet intervalle, Hoche, inquiete sur ses derrieres, fut oblige de
faire de nouveaux detachemens pour arreter les bandes dont il avait
appris la marche; mais il laissa dans Sainte-Barbe une force suffisante
pour resister a une attaque de vive force. Il etait fort inquiete par
les chaloupes canonnieres anglaises, qui foudroyaient ses troupes des
qu'elles paraissaient sur la Falaise, et ne comptait guere que sur la
famine pour reduire les emigres.
Puisaye, de son cote, se preparait a la journe
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