is autour du lieu du
supplice, ils fondirent sur l'echafaud, disperserent la gendarmerie,
delivrerent le patient, et le conduisirent dans le faubourg. Des la nuit
meme, ils appelerent a eux tous les patriotes qui etaient dans Paris, et
se preparerent a se retrancher dans le faubourg Saint-Antoine. Ils se
mirent sous les armes, braquerent leurs canons sur la place de la
Bastille, et attendirent ainsi les consequences de cette action
audacieuse.
Aussitot que cet evenement fut connu de la convention, elle decreta que
le faubourg Antoine serait somme de remettre le condamne, de rendre ses
armes et ses canons, et, qu'en cas de refus, il serait aussitot
bombarde. Dans ce moment, en effet, les forces qui etaient reunies
permettaient a la convention de prendre un langage plus imperieux. Les
trois representans etaient parvenus a rassembler trois ou quatre mille
hommes de troupes de ligne; ils avaient plus de vingt mille hommes des
sections armees, a qui la crainte de voir renaitre la terreur donnait
beaucoup de courage, et enfin la troupe devouee des jeunes gens.
Sur-le-champ ils confierent au general Menou le commandement de ces
forces reunies, et se preparerent a marcher sur le faubourg. Ce jour
meme, 4 prairial (23 mai), tandis que les representans s'avancaient, la
jeunesse doree avait voulu faire une bravade, et s'etait portee la
premiere vers la rue Saint-Antoine. Mille ou douze cents individus
composaient cette troupe temeraire. Les patriotes les laisserent
s'engager sans leur opposer de resistance, et les envelopperent ensuite
de toutes parts. Bientot ces jeunes gens virent sur leurs derrieres les
redoutables bataillons du faubourg, ils apercurent aux fenetres une
multitude de femmes irritees, pretes a faire pleuvoir sur eux une grele
de pierres, et ils crurent qu'ils allaient payer cher leur imprudente
bravade. Heureusement pour eux, la force armee s'approchait; d'ailleurs
les habitans du faubourg ne voulurent pas les egorger; ils les
laisserent sortir de leur quartier, apres en avoir chatie quelques-uns.
Dans ce moment, le general Menou s'avanca avec vingt mille hommes; il
fit occuper toutes les issues du faubourg, et surtout celles qui
communiquaient avec les sections patriotes. Il fit braquer les canons et
sommer les revoltes. Une deputation se presenta, et vint recevoir son
ultimatum, qui consistait a exiger la remise des armes et de l'assassin
de Feraud. Les manufacturiers et tous les gens paisibles et riches du
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