rmee qui comprimait le pays. Pour cela, il aurait
fallu que les chefs des insurges fussent d'accord avec Puisaye, Puisaye
avec l'agence de Paris; que les instructions les plus contraires ne
fussent pas envoyees aux chefs des chouans; que les uns ne recussent pas
l'ordre de demeurer immobiles, que les autres ne fussent pas diriges sur
des points opposes a ceux que designait Puisaye; que les emigres
comprissent mieux la guerre qu'ils allaient faire, et meprisassent un
peu moins ces paysans qui se devouaient a leur cause; il aurait fallu
que les Anglais se mefiassent moins de Puisaye, ne lui adjoignissent pas
un second chef, lui eussent donne a la fois tous les moyens qu'ils lui
destinaient, et tente cette expedition avec toutes leurs forces reunies;
il fallait surtout un grand prince a la tete de l'expedition; il ne le
fallait pas meme grand, il fallait seulement qu'il fut le premier a
mettre le pied sur le rivage. A son aspect, tous les obstacles
s'evanouissaient. Cette division des chefs vendeens entre eux, des chefs
vendeens avec le chef breton, du chef breton avec les agens de Paris,
des chouans avec les emigres, de l'Espagne avec l'Angleterre, cette
division de tous les elemens de l'entreprise cessait a l'instant meme. A
l'aspect du prince, tout l'enthousiasme de la contree se reveillait,
tout le monde se soumettait a ses ordres, et concourait a l'entreprise.
Hoche pouvait etre enveloppe, et, malgre ses talens et sa vigueur, il
eut ete oblige de reculer devant une influence toute-puissante dans ces
pays. Sans doute il restait derriere lui ces vaillantes armees qui
avaient vaincu l'Europe; mais l'Autriche pouvait les occuper sur le
Rhin, et les empecher de faire de grands detachemens; le gouvernement
n'avait plus l'energie du grand comite, et la revolution eut couru de
grands perils. Depossedee vingt ans plus tot, ses bienfaits n'auraient
pas eu le temps de se consolider; des efforts inouis, des victoires
immortelles, des torrens de sang, tout restait sans fruit pour la
France; ou si du moins il n'etait pas donne a une poignee de fugitifs de
soumettre a leur joug une brave nation, ils auraient mis sa regeneration
en peril, et quant a eux, ils n'auraient pas perdu leur cause sans la
defendre, et ils auraient honore leur pretention par leur energie.
Tout fut impute a Puisaye et a l'Angleterre par les brouillons qui
composaient le parti royaliste. Puisaye etait, a les entendre, un
traitre vendu a Pitt pour renouveler les
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