pas une seconde, et ils crurent que Vauban avait reussi. Ils
continuerent leur marche; on entendit alors comme un bruit lointain de
mousqueterie: "C'est Tinteniac, s'ecrie Puisaye; en avant!" Alors on
sonne la charge, et on marche sur les retranchemens des republicains.
L'avant-garde de Hoche, commandee par Humbert, etait placee devant les
hauteurs de Sainte-Barbe. A l'approche de l'ennemi, elle se replie, et
rentre dans les lignes. Les assaillans s'avancent pleins de joie, tout a
coup un corps de cavalerie qui etait reste deploye fait un mouvement, et
demasque des batteries formidables. Un feu de mousqueterie et
d'artillerie accueille les emigres; la mitraille, les boulets et les
obus pleuvent sur eux. A la droite, les regimens de Royal-Marine et de
du Dresnay perdent des rangs entiers sans s'ebranler; le duc de Levis
est blesse grievement a la tete de ses chouans; a gauche, le regiment
d'Hervilly s'avance bravement sous le feu. Cependant cette fusillade
qu'on avait cru entendre sur les derrieres et sur les cotes a cesse de
retentir. Tinteniac ni Vauban n'ont donc pas attaque, et il n'y a pas
d'espoir d'enlever le camp. Dans ce moment, l'armee republicaine,
infanterie et cavalerie, sort de ses retranchemens; Puisaye, voyant
qu'il n'y a plus qu'a se faire egorger, prescrit a d'Hervilly de donner
a droite l'ordre de la retraite, tandis que lui-meme la fera executer a
gauche. Dans ce moment, d'Hervilly, qui bravait le feu avec le plus
grand courage, recoit un biscaien au milieu de la poitrine. Il charge un
aide-de-camp de porter l'ordre de la retraite; l'aide-de-camp est
emporte par un boulet de canon: n'etant pas avertis, le regiment de
d'Hervilly et les mille chouans du chevalier de Saint-Pierre continuent
de s'avancer sous ce feu epouvantable. Tandis qu'on sonne la retraite a
gauche, on sonne la charge a droite. La confusion et le carnage sont
epouvantables. Alors la cavalerie republicaine fond sur l'armee emigree,
et la ramene en desordre sur la Falaise. Les canons de Rothalier,
engages dans le sable, sont enleves. Apres avoir fait des prodiges de
courage, toute l'armee fuit vers le fort Penthievre; les republicains la
poursuivent en toute hate, et vont entrer dans le fort avec elle; mais
un secours inespere la soustrait a la poursuite des vainqueurs. Vauban,
qui devait etre a Carnac, est a l'extremite de la Falaise avec ses
chouans; le commodore Waren est avec lui. Tous deux, montes sur les
chaloupes canonnieres, et d
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