on de Charette de la plus
grande perspective: ils lui promettaient le commandement de tous les
pays royalistes, et une expedition considerable qui devait partir des
ports de l'Espagne, apporter des secours et les princes francais. Quant
a celle qui se preparait en Angleterre, ils paraissaient n'y pas croire.
Les Anglais, disaient-ils, avaient toujours promis et toujours trompe;
il fallait du reste se servir de leurs moyens si on pouvait, mais s'en
servir dans un tout autre but que celui qu'ils se proposaient; il
fallait faire aborder en Vendee les secours destines a la Bretagne, et
soumettre cette contree a Charette, qui avait seul la confiance du roi
actuel. De telles idees devaient flatter a la fois et l'ambition de
Charette, et sa haine contre Stofflet, et sa jalousie contre
l'importance recente de Puisaye, et son ressentiment contre
l'Angleterre, qu'il accusait de n'avoir jamais rien fait pour lui.
Quant a Stofflet, il avait moins de disposition que Charette a reprendre
les armes, quoiqu'il eut montre beaucoup plus de repugnance a les
deposer. Son pays etait plus sensible que les autres aux avantages de la
paix, et montrait un grand eloignement pour la guerre. Lui-meme etait
profondement blesse des preferences donnees a Charette. Il avait tout
autant merite ce grade de lieutenant-general qu'on donnait a son rival,
et il etait fort degoute par l'injustice dont il se croyait l'objet.
La Bretagne, organisee comme auparavant, etait toute disposee a un
soulevement. Les chefs de chouans avaient obtenu, comme les chefs
vendeens, l'organisation de leurs meilleurs soldats en compagnies
regulieres, sous le pretexte d'assurer la police du pays. Chacun des
chefs s'etait forme une compagnie de chasseurs, portant l'habit et le
pantalon verts, le gilet rouge, et composee des chouans les plus
intrepides. Cormatin, continuant son role, se donnait une importance
ridicule. Il avait etabli a La Prevalaye ce qu'il appelait son
quartier-general; il envoyait publiquement des ordres, dates de ce
quartier, a tous les chefs de chouans; il se transportait de divisions
en divisions pour organiser les compagnies de chasseurs; il affectait de
reprimer les infractions a la treve, quand il y en avait de commises, et
semblait etre veritablement le gouverneur de la Bretagne. Il venait
souvent a Rennes avec son uniforme de chouan, qui etait devenu a la
mode: la, il recueillait dans les cercles les temoignages de la
consideration des habitans et le
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