ee ostensiblement 1,000 francs en rapportait en realite
4,000; d'apres l'estimation de 1790, cette terre etait portee a 25,000
francs de valeur, elle devait etre payee 75,000 fr. en assignats, qui ne
valaient en realite que 7,500 fr. A Honfleur, des magasins a sel, dont
la construction avait coute plus de 400,000 livres, allaient se vendre
en realite 22,500 livres. D'apres ce calcul, la perte etait grande; mais
il fallait s'y resigner, sauf a la rendre moindre en exigeant quatre ou
cinq fois la valeur de 1790, au lieu de trois fois seulement.
Rewbell et une foule de deputes ne comprirent pas cela; ils ne virent
que la perte apparente. Ils pretendirent qu'on gaspillait les tresors de
la republique, et qu'on la privait de ses ressources. Il s'eleva des
cris de toutes parts. Ceux qui n'entendaient pas la question, et ceux
qui voyaient disparaitre avec peine les biens des emigres, se
coaliserent pour faire suspendre le decret. Balland et Bourdon (de
l'Oise) le defendirent avec chaleur; ils ne surent pas donner la raison
essentielle, c'est qu'il ne fallait pas demander des biens plus que les
acheteurs n'en pouvaient donner, mais ils dirent, ce qui etait vrai, que
la perte numerique n'etait pas aussi grande qu'elle le paraissait en
effet; que 75,000 francs en assignats ne valaient que 7,500 francs en
numeraire, mais que le numeraire avait deux fois plus de valeur
qu'autrefois, et que 7,500 francs representaient certainement 15 ou
20,000 francs de 1790; ils dirent que la perte actuelle etait balancee
par l'avantage qu'on avait de terminer sur-le-champ cette catastrophe
financiere, de retirer ou de relever les assignats, de faire cesser
l'agiotage sur les marchandises en appelant le papier sur les terres, de
livrer immediatement la masse des biens nationaux a l'industrie
individuelle, et enfin d'oter toute esperance aux emigres.
On suspendit neanmoins le decret. On ordonna aux administrations de
continuer a recevoir les soumissions, pour que tous les biens nationaux
fussent ainsi denonces par l'interet individuel, et que l'on put en
dresser un etat plus exact. Quelques jours apres, on rapporta
tout-a-fait le decret, et on decida que les biens continueraient a etre
vendus aux encheres.
Ainsi, apres avoir entrevu le moyen de faire, cesser la crise, on
l'abandonna, et on retomba dans l'epouvantable detresse d'ou on aurait
pu sortir. Cependant, puisqu'on ne faisait rien pour relever les
assignats, on ne pouvait pas rester dans
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