s citoyens qui leur etaient opposes, non
par royalisme, mais par crainte d'une nouvelle terreur, etaient plus
dechaines que jamais, et les poursuivaient avec la derniere rigueur. On
enfermait, on desarmait tous les hommes qui avaient servi chaudement la
revolution. On exercait, a leur egard, des actes aussi arbitraires
qu'envers les anciens suspects. Les prisons se remplissaient comme avant
le 9 thermidor, mais elles se remplissaient de revolutionnaires. Le
nombre des detenus ne s'elevait pas, comme alors, a pres de cent mille
individus, mais a vingt ou vingt-cinq mille. Les royalistes
triomphaient. Le desarmement ou l'emprisonnement des patriotes, le
supplice des deputes montagnards, la procedure commencee contre une
foule d'autres, la suppression du tribunal revolutionnaire, la
restitution des eglises au culte catholique, la recomposition des gardes
nationales, etaient autant de mesures qui les remplissaient de joie et
d'esperance. Ils se flattaient que bientot ils obligeraient la
revolution a se detruire elle-meme, et qu'on verrait la republique
enfermer ou mettre a mort tous les hommes qui l'avaient fondee. Pour
accelerer ce mouvement, ils intriguaient dans les sections, ils les
excitaient contre les revolutionnaires, et les portaient aux derniers
exces. Une foule d'emigres rentraient, ou avec de faux passeports, ou
sous pretexte de demander leur radiation. Les administrations locales,
renouvelees depuis le 9 thermidor, et remplies d'hommes ou faibles ou
ennemis de la republique, se pretaient a tous les mensonges officieux
qu'on exigeait d'elles; tout ce qui tendait a adoucir le sort de ce
qu'on appelait les victimes de la terreur leur semblait permis, et elles
fournissaient ainsi a une foule d'ennemis de leur pays le moyen d'y
rentrer pour le dechirer. A Lyon et dans tout le Midi, les agens
royalistes continuaient a reparaitre secretement; les compagnies de
Jesus et du Soleil avaient commis de nouveaux massacres. Dix mille
fusils, destines a l'armee des Alpes, avaient ete inutilement distribues
a la garde nationale de Lyon; elle ne s'en etait pas servie, et avait
laisse egorger, le 25 prairial (13 juin), une foule de patriotes. La
Saone et le Rhone avaient de nouveau roule des cadavres. A Nimes,
Avignon, Marseille, les memes massacres eurent lieu. Dans cette derniere
ville on s'etait porte au fort Saint-Jean, et on y avait renouvele les
horreurs de septembre contre les prisonniers.
Le parti dominant de la conventi
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