punir. Cette destruction si prompte des deux chefs qui avaient voulu se
soulever en imposa aux autres, ils resterent immobiles, attendant avec
impatience l'arrivee de cette expedition qu'on leur annoncait depuis si
long-temps. Leur cri etait: _Vive le roi, l'Angleterre et Bonchamps!_
Dans ce moment, de grands preparatifs se faisaient a Londres. Puisaye
s'etait parfaitement entendu avec les ministres anglais. On ne lui
accordait plus tout ce qu'on lui avait promis d'abord, parce que la
pacification diminuait la confiance; mais on lui accordait les regimens
emigres, et un materiel considerable pour tenter le debarquement; on lui
promettait de plus toutes les ressources de la monarchie, si
l'expedition avait un commencement de succes. L'interet seul de
l'Angleterre devait faire croire a ces promesses; car, chassee du
continent depuis la conquete de la Hollande, elle recouvrait un champ de
bataille, elle transportait ce champ de bataille au coeur meme de la
France, et composait ses armees avec des Francais. Voici les moyens
qu'on donnait a Puisaye. Les regimens emigres du continent etaient,
depuis la campagne presente, passes au service de l'Angleterre; ceux qui
formaient le corps de Conde devaient, comme on l'a vu, rester sur le
Rhin; les autres, qui n'etaient plus que des debris, devaient
s'embarquer aux bouches de l'Elbe, et se transporter en Bretagne. Outre
ces anciens regimens qui portaient la cocarde noire, et qui etaient fort
degoutes du service infructueux et meurtrier auquel ils avaient ete
employes par les puissances, l'Angleterre avait consenti a former neuf
regimens nouveaux qui seraient a sa solde, mais qui porteraient la
cocarde blanche, afin que leur destination parut plus francaise. La
difficulte consistait a les recruter; car si dans le premier moment de
ferveur les emigres avaient consenti a servir comme soldats, ils ne le
voulaient plus aujourd'hui. On songea a prendre sur le continent des
deserteurs ou des prisonniers francais. Des deserteurs, on n'en trouva
pas, car le vainqueur ne deserte pas au vaincu: on se replia sur les
prisonniers francais. Le comte d'Hervilly ayant trouve a Londres des
refugies toulonnais qui avaient forme un regiment, les enrola dans le
sien, et parvint ainsi a le porter a onze ou douze cents hommes,
c'est-a-dire a plus des deux tiers du complet. Le comte d'Hector composa
le sien de marins qui avaient emigre, et le porta a six cents hommes. Le
comte du Dresnay trouva dans les pr
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